Paypal violonicide !

Publié le par Yves-André Samère

L’application aveugle d’un règlement ou d’une loi peut déboucher sur une absurdité, nous l’allons montrer tout à l’heure (ce fragment de phrase, piqué à La Fontaine, est une citation que je me plais à recaser quand je peux).

Paypal est une firme permettant de régler ses achats sur Internet. Elle demande la création d’un compte, et simplifie les paiements ultérieurs. Beaucoup de vendeurs exigent qu’on soit titulaire d’un compte chez Paypal.

Mais Paypal a aussi un règlement intérieur assez spécial : si un acheteur n’est pas satisfait de l’objet acheté, il peut demander que le vendeur le rembourse, sous réserve de prouver qu’il n’a pas gardé l’objet. Normal... Or cette preuve peut être fournie éventuellement sous cette forme : Paypal prie l’acheteur insatisfait de détruire l’objet et d’envoyer une photo du résultat. La société se justifie en argüant d’une lutte contre la contrefaçon : en effet, à quoi bon renvoyer au vendeur un objet qui s’avère être une copie illégale ? Dans de nombreux pays comme les États-Unis, renvoyer des produits contrefaits à un vendeur constitue une infraction pénale.

Mais toute règle peut générer des effets pervers, et celle-ci en a produit un beau, que voici. Aux États-Unis, une femme désirait vendre un violon français, fabriqué en 1933 par le célèbre luthier bruxellois Maurice Bourguignon (1885-1978), dernier luthier officiel du Conservatoire royal de Bruxelles, et en demandait 2500 dollars, à payer en passant par Paypal. Un acheteur canadien se montra intéressé, paya, reçut le violon, mais contesta l’authenticité de l’instrument (de torture) – quoique authentifié par un expert. Il sollicita donc un remboursement. Le petit doigt sur la couture du pantalon, et sans enquêter plus avant, les services de Paypal lui demandèrent de... détruire le violon et d’envoyer la photo. J’ai vu cette photo, le violon a été transformé en petit bois ! (Personnellement, si ça avait été un piano, j’aurais fait circuler une pétition)

Il paaît que le violonicide était « très fier » de son forfait. La vendeuse a été beaucoup moins heureuse : elle a dû rendre l’argent et contempler tristement la photo de son violon en miettes.

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