Hadopi, un gouffre financier

Publié le par Yves-André Samère

Hadopi ? Parlons d’argent, puisque c’est l’enjeu. Récemment, le Syndicat des Éditeurs de Logiciels de Loisirs (SELL), autrement dit, des éditeurs de jeux sur ordinateurs et consoles, avait optimistement chiffré à 420 000 euros par an le coût de la collecte des adresses IP – celles des présumés pirates. Il calculait pouvoir s’offrir la collecte de 25 000 adresses IP par jour, mais pour seulement cent titres à surveiller. Or, s’il existe peu de jeux et donc peu de surveillance à effectuer, en ce qui concerne la musique, les fichiers MP3 sont si nombreux, des millions, qu’il est illusoire de pouvoir « surveiller » efficacement leur téléchargement. Hadopi va donc surveiller dix mille titres, ce qui est très peu, et collecter cinquante mille adresses, prétend-on. Et Marc Guez, le directeur général de la Société Civile des Producteurs Phonographiques (SCPP), avoue que cela leur coûtera beaucoup plus cher que pour les jeux : « Plusieurs millions d’euros », en fait.

Pour ne rien arranger, la fameuse société TMG, celle de Thierry Lhermitte, chargée du sale travail, a une obligation curieuse mais contraignante, télécharger elle-même des fragments de fichiers pour s’assurer de ne pas collecter des adresses IP « innocentes », ce qui prend du temps, énormément de temps, et va donc alourdir la facture.

Enfin, Hadopi aura des frais de fonctionnement, estimés pour cette année à dix millions d’euros. Quant à la Justice chargée de poursuivre les affreux délinquants, elle devra en outre s’appuyer les frais de vérification portant sur les suspects, frais qu’elle devra négocier avec la Fédération Française des Télécoms – question en suspens, à discuter avec le gouvernement. Actuellement, la loi géniale instaurant l’Hadopi impose à la Justice un dédommagement de 8,5 euros par adresse à identifier. Calculez : 50 000 adresses collectées chaque jour pour les MP3, la facture quotidienne s’élève donc à 425 000 euros ! Ce que le SELL pensait dépenser par an...

Bref, un nouveau gouffre financier que l’État vient de s’offrir. Ça tombe bien, il a de l’argent en rab, en ce moment.

(Ne disons rien du fait que la loi est anticonstitutionnelle, puisque l’abonné soupçonné est obligé de prouver qu’il a sécurisé sa connexion à Internet : il est donc présumé coupable avant d’avoir fait quoi que ce soit, et doit prouver son innocence)

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :