L’art contemporain
J’aime assez le regard sarcastique, évoquant le fou-rire de Nicole devant monsieur Jourdain, et posé sur l’art contemporain par Tom Wolfe, auteur de L’étoffe des héros, dont Philip Kaufman a tiré un bien beau film, sorti en 1983 (il y a également Le bûcher des vanités, pas mal non plus, également filmé, mais moins bien, par Brian De Palma en 1990). Wolfe aussi se fiche des œuvres des faux artistes dont les snobs se délectent.
Voyez par exemple Jeff Koons, escroc intellectuel qui considère l’art « en tant que vecteur privilégié de merchandising ». Pourquoi escroc, qualificatif dont je n’use quasiment jamais car je suis pondéré ? Eh bien, parce qu’il ne réalise AUCUNE œuvre lui-même, et se contente de la définir, avant de lancer sa centaine d’assistants professionnels sur la concrétisation de ses « idées », dans un atelier de Chelsea, près de New York. Vous n’avez pas pu oublier les dix-sept « œuvres emblématiques » qu’il a exposées dans les appartements et les jardins du Château de Versailles, du 10 septembre 2008 au 4 janvier 2009, et qui lui valurent un procès – qu’il a gagné, hélas – de la part d’un descendant de Louis XIV ! Allez voir ICI ces chefs-d’œuvre, auprès desquels les barbouillages de Picasso font penser à Rembrandt. De Koons, le cher Wolfe, qui n’est pas la moitié d’un crétin, rigole : « Koons a son lapin géant fabriqué à partir d’ordures, croyez-moi, il ne va pas mettre les mains dans cette saleté ! ». Eh oui, il paye ses gens pour le faire à sa place...
Il y a aussi Damien Hirst. Lui a exposé à ses admirateurs... un requin mort ! Un collectionneur l’a acheté, mais la bestiole... a pourri, alors il lui en a donné un autre. Constatez LÀ.
Toutes ces élucubrations, et pas mal d’autres, sont nées de ce que des critiques pas très futés et pas mal de collectionneurs se sont fait la réflexion que, si on ne comprenait pas une œuvre d’art, c’est qu’elle DEVAIT être intéressante. Les snobs ont suivi, bien entendu. Même en littérature, et Wolfe cite en exemple Mallarmé, strictement incompréhensible, mais que beaucoup placent au-dessus de vrais écrivains comme Tolstoï.
En fait, l’art dit « contemporain » a cet avantage, qu’une œuvre qui en relève ne peut être achetée que par un seul (et riche) collectionneur. Ce n’est pas le cas, évidemment, des livres, des films, des disques, qui doivent toucher le plus grand nombre. Mais là, fi ma chère ! c’est du dernier vulgaire.