L’axe Chirac-Hollande
La déclaration de Chirac, avertissant qu’il avait l’intention de voter pour Hollande, n’a pas été prise au sérieux ; elle a même été plus ou moins démentie par sa femme. Et pourtant, moi, j’y crois, et pour deux ou trois raisons, dont chaque est suffisante seule, comme disait Cyrano (celui de la pièce, pas le vrai).
La première est que Chirac déteste Sarkozy. Le fait que ce dernier ait fait pression sur l’UMP pour faire régler par ce parti les deux-tiers de la somme que l’ancien maire de Paris devait rembourser à la municipalité qu’il avait VOLÉE n’aura pesé d’aucun poids, car cette faveur, qui n’a rien coûté à Sarkozy, n’a non plus servi à rien, et Chirac a écopé de la condamnation (pas très pesante, avouez) qu’il méritait.
La deuxième raison qui m’incite à le croire est indirecte, mais elle mérite un petit détour, ainsi qu’un peu d’imagination et une pincée d’idéalisme. Le 19 mars 1950, à Stockholm, le Mouvement mondial des partisans de la paix – d’inspiration communiste –, appuyé par le physicien Frédéric Joliot-Curie, a lancé une pétition contre l’armement nucléaire. Or cet appel a été signé par Chirac, lequel, à cette époque lointaine, penchait furieusement à gauche. Certes, il a un peu changé depuis, et n’a guère respecté les idéaux de sa jeunesse, mais il n’est pas le seul (voyez Cohn-Bendit !), et on peut supposer que, le grand âge aidant, il est revenu à ses premières amours.
Enfin, troisième raison, l’on sait que Chirac n’a pratiquement aucun ami, notamment chez les riches, parce que, détail authentique, il déteste les patrons. Trois exceptions à cela : Jean-Louis Debré, sorte de fidèle valet de chambre, aujourd’hui très bien placé au Conseil constitutionnel puisqu’il le préside ; François Pinault, homme d’affaires, ancien président richissime de PPR (le groupe Pinault-Printemps-Redoute), grand amateur d’art comme Chirac, et qui l’invite souvent pour ses vacances perpétuelles ; et enfin... Line Renaud ! Si-si. Or la chère Line a déclaré publiquement qu’elle voterait en faveur de François Hollande à l’élection présidentielle. Cette gaulliste de choc, qui n’a pas l’habitude, contrairement aux autres chanteuses, de dire n’importe quoi, n’a certainement pas sorti cela au hasard, mais plutôt en accord avec son ami de toujours. Moi, Line, je la verrais bien au ministère de la Culture, on ferait de Ma p’tite folie une sorte de deuxième hymne national.