L’enseignement à la dérive

Publié le par Yves-André Samère

Certains, chez les plus âgés, ont connu cette époque où l’enseignement était considéré comme une noble tâche. Alors, en ces temps préhistoriques, instituteurs et professeurs étaient respectés, aussi bien par leurs élèves que par les parents. Vous allez rire : même les châtiments corporels n’étaient pas si mal vus, au point que la phrase la plus souvent entendue par les gosses étaient celle-ci, quand ils se plaignaient à leurs géniteurs d’avoir reçu une gifle de leur maître : « Si tu viens te plaindre, je t’en donne une autre ». Le bon temps...

Il a duré jusque dans les années soixante. Puis survint Mai-68, avec son cortège de théories démagogiques. Attention, je ne dis pas que Mai-68 était injustifié. Au contraire, sur le fond, cette révolte contre le régime gaulliste était légitime. C’est la suite et son cortège de décisions absurdes que je vise. Ainsi, les élèves devenaient intouchables (en ce sens qu’on n’avait plus le droit de les toucher), mais les instituteurs aussi – au sens indien cette fois : ils rejoignaient la caste la plus basse de la Nation.

Ainsi, leur salaire. Aujourd’hui, un professeur certifié débute avec un traitement de 1700 euros net. Et, pour l’encourager en compensant ce salaire de misère, on a la délicatesse de l’envoyer dans une ZEP (Zone d’Éducation Prioritaire – traduisez : dans un quartier pourri), sans lui donner la moindre formation pratique. Alors que c’est le contraire qu’il faudrait faire, en exigeant moins de diplômes et davantage de savoir-faire, or je n’ai jamais entendu parler d’un diplôme de savoir-faire. Si bien que les anciens « hussards de la République », comme on les appelait autrefois, sont ravalés au rang de laquais de leurs élèves, et des parents, toujours enclins à leur donner tort à propos de tout.

Étonnez-vous du résultat : entre 2011 et 2012, le nombre de candidats inscrits au CAPES (Certificat d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement du Second degré, qui ne s’obtient qu’après cinq ans d’études) a diminué de 28 %. Triomphe des vocations.

Comptez pour rien la réputation qu’on leur fait : tous des fainéants ! On ne se rend même plus compte que les fameux trois mois de vacances n’existent plus depuis belle lurette. Quant à imaginer qu’un instituteur ou un professeur est obligé de travailler chez lui en dehors les heures de présence à l’école, pour préparer ses cours ou corriger cahiers et copies (de la rigolade, on fait ça avec un œil sur la télé tout en sifflant quelques bières), cela dépasse les capacités du parent de base.

Détail : c’est sous Sarkozy que cette dévalorisation a culminé. Forcément, l’instituteur vaut moins que le curé, c’est not’ bon maît’ qui l’a dit, et les élèves (pardon : les « apprenants ») ne sont pas tous des sourds.

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D
Les doigts en bouquet et un coup de règle bien senti dessus. Je m'en souviens encore...<br /> Et pas question de râler, comme vous le dites, auprès des parents. Au mieux "bien fait" au pire "pas de dessert".<br /> Des siècles après, mon neveu "de toute façon, Tatie, tu es toujours du côté des professeurs, mais il m'a dit...". Moi, genre western "écouté, bébé, si tu continues, je double la punition". Pas<br /> western, Jurassic Parc pour mon pauvre neveu.
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