L’ours et la falaise
Publicité télévisée de Generali, un assureur : « La fonte de la banquise risque d’avoir des conséquences sur le climat ». Tout à fait, mon Generali ! Votre logique est imparable. Un peu comme si on disait que la vente des parapluies risquait d’avoir des conséquences sur la fréquence des pluies...
Évidemment, cette publicité est illustrée par l’image classique et récurrente d’un bord de la banquise en train de s’effondrer dans la mer, image aussi récurrente que celle de l’ours « réfugié » sur un petit bloc de glace flottant sur la mer. Or ces deux images sont des impostures, comme dirait Claude Allègre. Décryptons.
L’image d’un bord de falaise glaciaire s’effritant et s’effondrant dans l’océan n’a rien à voir avec un quelconque réchauffement. Toute falaise est constamment érodée par l’action de la mer, qu’elle soit faite de glace ou de terre, voire de pierre : cela se traduit par le creusement d’une excavation à la base de la falaise, excavation qui augmente de profondeur à mesure que le temps passe ; si bien que la masse de matière qui se trouve au-dessus finit par se trouver en porte-à-faux et, privée de soutien, s’effondre ! Ainsi, le rivage recule, et cela dure depuis des millions d’années. Le réchauffement, réel ou supposé, ne pourrait produire cet effet, pour la bonne raison que la glace fond à zéro degré Celsius, et que, dans l’Arctique d’où viennent ces images, le température de l’atmosphère est très en dessous de ce point de fonte. Le public devrait comprendre que, lorsque l’air est à -15° ou -20°, une augmentation de température de deux degrés ne peut amener la glace à sa température de fonte.
Passons aux ours. L’ours blanc est un excellent nageur, et il se nourrit de poissons. Les images « dramatiques » d’un ours sur un bloc de glace, et qui, cadrées serrées, ne permettent pas de voir ce qu’il y a autour, dramatisent une situation qui, pour l’ours, est quotidienne et nullement tragique : très probablement, l’ours, qui vit sur la banquise – son milieu naturel –, s’il se retrouve par accident sur un bloc de glace détaché de celle-ci, peut sans effort la rejoindre en quelques minutes, et, de toute façon, il ne risque ni de se noyer ni de mourir de faim. Bref, le responsable de la diffusion de cette image joue du violon pour nous apitoyer, au prix d’un énorme mensonge. Ce n’est pas l’ours qui est en danger, c’est le bon sens !