La Bible... de l’économie et du social

Publié le par Yves-André Samère

Un de ces amis auxquels je faisais allusion récemment, et qui est doté d’un cerveau, me communique un texte publié le 29 janvier dans le journal « La Tribune ». Ce texte est titré S’inspirer de la Bible pour repenser le social, et il est dû à Richard Sitbon, directeur au ministère du Trésor israélien, auteur de « L’économie selon la Bible », aux Éditions Eyrolles. On ne peut donc pas s’étonner que cet homme croie en la Bible, et prenne au sérieux son contenu.

Il prétend par conséquent que « L’Ancien testament nous fournit des pistes pour revoir notre organisation économique et sociale ». En foi de quoi, il s’en prend à la politique de François Hollande – il n’est pas le seul, Mélenchon aussi, c’est dire si le grief est sérieux –,  qui a bien tort de ne pas chercher dans la Torah les solutions à imposer à ses divers ministres. Mais Hollande est un illettré, c’est bien connu, il n’a « fait » que l’ENA, Science Po et HEC, et je vous parie qu’il n’a pas la Bible sur sa table de nuit.

Certes, certes, Hollande a un peu largué le socialisme, dont déjà il parlait le moins possible, et s’est affirmé social-démocrate. Doit-on en tirer un constat d’échec, celui de l’intégration d’une politique socialiste dans l’environnement actuel, qui en est l’inverse, et en conclure que la démocratie est en danger ? J’avais pourtant cru comprendre que la social-démocratie avait été un peu en vogue dans les pays scandinaves, qui sont loin d’être dans la dèche comme chez nous, et n’ont jamais approché de la définition d’une dictature à la manière soviétique – ou simplement russe, Poutine étant un dictateur pas soviétique du tout. Et comme on n’enfonce jamais trop un clou, même s’il est tordu, Sitbon fait appel à Karl Polanyi, un historien de l’économie et économiste hongrois, mort il y a cinquante ans, et qui prônait un socialisme démocratique, dans lequel toutes les activités seraient soumises à une réglementation politique de la société : les marchés y auraient toute leur place pour les produits, mais non pour la détermination des revenus liés au travail ou à la terre. À la place de la prétendue autorégulation de l’économie de marché (à laquelle je ne crois pas non plus, d’ailleurs), on aurait une combinaison « plus équilibrée » de la redistribution, de la réciprocité et de l’échange. On a vu comme cela fonctionnait bien en U.R.S.S., donc pas de raison que ça ne marche pas chez nous.

Et la Bible, dans tout ça ? Mais chacun sait qu’elle est LA solution à tout ! Vous n’avez jamais lu dans un roman ou vu dans un film un passage où le héros, en proie à l’indécision, ouvre la Bible au hasard, et tombe pile sur un verset qui concerne précisément l’objet actuel de ses soucis, tout en lui fournissant la solution par la même occasion ? (Je dois être maudit pour mes péchés, car jamais je n’ai eu cette veine) Sitbon, lui, raconte qu’Abraham, en plantant un arbre à Beer Shava, a ainsi inventé le minimum vital. Évident, non ?

Alors oui, bien sûr, Hollande a un peu tourné sa veste, et ne raconte plus que son ennemi, c’est la finance. Il a même convaincu du contraire ses alliés écologistes, qui ne disent plus un mot contre ses méthodes – on tient à ses postes ministériels, c’est humain. Et on a souvent répété qu’aucun socialiste n’a rencontré un ouvrier depuis Pierre Mauroy. Et alors ? Jospin était bien un ami du baron Ernest-Antoine Seillière, président du CNPF à partir de 1997, devenu le MEDEF l’année suivante. On a les amis qu’on peut.

Ces élucubrations sitboniennes ne sont pas propres aux fanatiques de l’Ancien testament : les musulmans aussi résolvent tout par le Coran. Mais l’Ancien testament contient des CENTAINES de pages dans lesquelles « Dieu » hurle sa haine du peuple juif et proclame qu’il va le détruire dans les supplices les plus épouvantables. Alors, on le détruit, où on invente pour lui le RSA ? Pourquoi les lecteurs de ces abominations refusent-ils de reconnaître une vérité que chacun peut constater ? Le Dieu bon n’est présent que dans ce que Jésus en disait, mais c’est bien court : dans mon édition, 110 pages sur... 1334 !

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
Enfin un commentaire d’une exemplaire sobriété !
Répondre
A
;)
Répondre