Débaptiser certains lieux publics
Aujourd’hui commence en France le procès d’un responsable du génocide rwandais, qui a été commis il y a vingt ans. La France est le dernier pays européen qui se décide à poursuivre les assassins, qu’elle a longtemps protégés, on se demande pour quelle raison.
Or ce qui m’a frappé dans les bulletins d’information entendus ce matin, c’est que TOUS parlent des responsabilités de « la France », mais qu’aucun ne met un nom sur ce qu’il y a derrière. Qui était-ce, la France, à cette époque ? Est-ce que tout le monde est frappé d’amnésie ? A-t-on oublié que le responsable national, durant ces massacres, s’appelait François Mitterrand ? Et qu’un certain Jacques Chirac lui a succédé ? C’est bizarre, pas un commentateur n’a prononcé leur nom. Avait-il été effacé des archives journalistiques, comme cela se passait dans le roman 1984, où était décrit un service de correction a posteriori desdites archives ?
Si quelqu’un de haut placé, aujourd’hui, se décidait enfin à faire ce travail qu’on qualifie de « mémoriel » parce qu’il faut toujours employer des mots ronflants pour mieux camoufler la réalité, il y a des noms qu’on effacerait partout, mais pour de bon, définitivement, et l’on débaptiserait certaines bibliothèques, certains boulevards, certains instituts et musées. Après tout, il n’y a plus chez nous aucune « Avenue Philippe-Pétain », et même Napoléon n’est honoré qu’en Corse (il existe à Paris une rue Bonaparte, d’ailleurs très chic, mais aucune ne porte le nom « Napoléon ». Et Delanoë a fait débaptiser la rue Alexis-Carrel).