La censure selon Boiron

Publié le par Yves-André Samère

Non seulement les fabricants de produits homéopathiques (je ne vais tout de même pas écrire « médicaments homéopathiques ») sont de fameux escrocs, mais ils n’ont seulement pas l’intelligence d’éviter de faire des vagues. Ainsi, les laboratoires français Boiron, par la voix de leur représentante en Italie, et qui ont la quasi-exclusivité, chez nous, de cette fabrication, ont cherché noise à un certain Samuele Riva, un blogueur italien, qui avait écrit deux articles sceptiques sur l’efficacité des granules censées soigner la grippe, et les avait illustrés avec la photo d’un tube d’Oscillococcinum, que fabrique ces labos. La dame qui représente Boiron fait mine d’estimer qu’il y a eu diffamation et que la « recherche » faite par Boiron pourrait en souffrir.

Passons sur la recherche consistant à fabriquer de la poudre de perlimpinpin ne contenant strictement rien, et admirons que les deux articles incriminés, qui étaient un peu passés inaperçus, sont maintenant, comme on dit, sous les feux de l’actualité ! Le blogueur, qui a supprimé les photos et les références à Boiron, mais pas son article qui traite du fond (l’homéopathie est-elle une science ou une duperie ?), se marre : non seulement tout le monde va maintenant se ruer sur son blog et y lire que les préparations homéopathiques ne contiennent aucune molécule active contre la grippe, et que ces produits présentent surtout des « sérieux risques pour l’intelligence », mais Boiron s’est tiré une balle dans le pied en provoquant une nouvelle manifestation du fameux effet Streisand dont je vous ai encore parlé il y a quelques jours.

Rappelons qu’aux États-Unis, il y a une class action (une action judiciaire de masse entreprise par un grand nombre de personnes qui ont toutes individuellement subi le même préjudice) contre la filiale de Boiron, réaction lancée pour fraude et publicité mensongère, justement à propos du même Oscillococcinum, « au prétexte qu’il n’y aurait aucune trace de principe actif dans ce produit, juste des sucres (85 % de saccharose et 15 % de lactose) ». Ce que n’importe quelle analyse confirmerait sans peine.

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