La nouvelle noblesse
Connaissez-vous Contribuables associés ? C’est une association de contribuables, vous l’auriez deviné. J’ajouterai « de contribuables mécontents », car, sans cela, ils ne s’associeraient pas ! Donc, cette association de mécontents publie un bimensuel, Les dossiers du contribuable, un périodique qui recense, entre autres, certains privilèges que le public ignore, puisqu’on prend grand soin de les lui cacher. Au nombre de ceux-ci, les primes ou autres indemnités que perçoivent les fonctionnaires (pas tous, je ne sache pas que les instituteurs et les infirmières des hôpitaux soient spécialement gâtés).
Ainsi, selon ce bulletin de dénonciateurs, certains fonctionnaires, mais je n’ai pas réussi à savoir lesquels, touchent 32,74 euros par an pour l’indemnisation de leurs chaussures et de leur « petit équipement » (je ne sais pas ce que c’est et ne veux surtout pas le savoir). Il y a aussi cette prime à l’usage informatique – restons simples. Pittoresque, dans la mesure où tout le monde, aujourd’hui, possède un ordinateur, voire plusieurs, en sus d’une tablette et d’un smartphone (lesquels, bien sûr, n’ont rien à voir avec l’informatique).
Gravissons un échelon pour nous intéresser au monde gouvernemental. Saviez-vous que les conducteurs des véhicules qui transportent messieurs les ministres perçoivent 4300 euros par an pour les dédommager de cette affreuse corvée, en sus de leur salaire, bien entendu ? Il y a aussi les fonctionnaires des DOM-TOM : eux touchent une prime de déménagement, et reçoivent des billets d’avion, non pas pour eux, ce qui serait normal, mais pour leur famille, à l’occasion des vacances. À ces menus avantages s’ajoutent les points de retraite supplémentaires et les majorations de pension.
Dans le domaine de l’aviation civile, les contrôleurs aériens, qu’on s’obstine à surnommer bêtement « aiguilleurs du ciel », et qui ne travaillent que cent jours par an (si-si !), ont aussi le droit de faire grève – ce qui est refusé aux gendarmes et aux policiers –, et devinez à quelles périodes ils choisissent de le faire !
Enfin, les statistiques démontrent que, dans la fonction publique, on prend en moyenne 22,6 jours de congé par an pour raison de santé, contre 9 jours dans le privé. Normal, travailler pour l’État, c’est tuant.