La Poste : encore un recul
Cela fait des années que j’observe et que je répertorie dans ces pages les reculs successifs du service postal : abandon du principe de la Grande Poste de Paris « ouverte vingt-quatre heures sur vingt-quatre » ; suppression de la livraison à domicile des recommandés, qu’il faut aller retirer (mais seulement le lendemain du dépôt de l’avis) au bureau de poste du quartier ; réclamations devenues impossibles puisque les bureaux de poste ne communiquent plus leur numéro de téléphone (donc impossiblité de prendre rendez-vous) ; et réduction des horaires d’ouverture, la dernière ayant reculé de deux heures celle du matin.
On pensait que ce grignotage, si l’on peut dire, des services jadis publics avait enfin atteint son apogée, et que la dégradation – dûment programmée afin de favoriser la privatisation – ne trouverait plus rien à grignoter. On avait tort ! L’imagination n’est nulle part au pouvoir, sauf à la direction de la Poste, qui a encore trouvé un moyen de nous pourrir la vie. Et, depuis cette semaine, prenant prétexte du mois d’août, le bureau de poste de mon quartier n’ouvre plus le matin, il faut attendre jusqu’à treize heures, sauf le samedi, puisque, ce jour-là, on ferme à midi...
Ne nous décourageons pas, cette avalanche de reculades, si j’ose cette expression hardie, ne prendra pas fin de sitôt, « ils » vont sûrement trouver autre chose pour mieux nous servir, comme on dit toujours en pareil cas. Je suppose que les facteurs vont bientôt être licenciés, et qu’on fera comme en Afrique : nous devrons louer à prix d’or des boîtes postales, et nous irons chercher notre courrier nous-mêmes. Normal, puisque, déjà, nous le déposons nous-mêmes dans les boîtes aux lettres publiques (ce qui ne se fait pas forcément aux États-Unis, par exemple, puisque là-bas, on met son courrier à poster dans sa propre boîte, et c’est le facteur qui le prend pour l’emporter à la Poste, mais ces Yankees sont des ploucs imperméables au progrès).