Le piston sans peine (en une seule leçon)

Publié le par Yves-André Samère

Pour commencer, deux remarques : la présence du mot piston dans mon titre s’explique par mon désir, d’abord, d’attirer ici les gens vulgaires qui constituent l’essentiel de mon lectorat ; ensuite, de faciliter la tâche des personnes qui désireraient trouver des renseignements sur l’honorable carrière de l’honnête monsieur Woerth, mais qui hésitent sur l’orthographe de l’expression trafic d’influence (les moteurs de recherche sont parfois exigeants). Or, si tout le monde est allé à l’école, certains n’y sont pas entrés.

On aurait tort de croire que le trafic d’influence est simple. Si c’était le cas, la Justice n’aurait pas autant de mal à pincer ceux qui s’y livrent. En effet, s’il se réduisait à la rencontre de deux personnes, disons A et B pour ne pas vexer monsieur de Maistre et l’honorable ministre dont je parlais plus haut, le travail d’un de ces juges d’instruction mal élevés qui font honte à ladite Justice en serait facilité. Mais non. En réalité, les joueurs de piston se sont inspirés du trafic d’esclaves tel qu’on le pratiquait il y a quelques siècles entre l’Afrique, les États-Unis d’Amérique et l’Europe, et qu’on a qualifié de « commerce triangulaire » : A rend service à B, qui rend service à C, qui rend service, devinez à qui ! Bien, vous avez compris.

Cette pratique a jadis été clairement décortiquée dans une pièce de Françoise Dorin, qui s’intitulait Un sale égoïste et que jouait Paul Meurisse. On y voyait un homme riche et célibataire (donc heureux), qui ne demandait qu’une chose : qu’on lui fiche la paix. Il le demandait surtout à sa mère, qui se mêlait de son mode de vie pourtant parfaitement au point, et qui se plaignait, devant ses protestations, que POURTANT elle ne lui demandait jamais rien pour elle.

Réponse du sale égoïste à son amie Hélène, qui lui chantait le même refrain : « Personne, soi-disant, ne me demande jamais rien pour son compte personnel. Vous êtes tous des petits saints. Mais des petits saints très bien organisés. Toi, tu demandes pour Paul. Paul demande pour toi et pour ma mère, et ma mère, elle, demande pour toi, pour Béatrice et pour ses amis. Pourquoi iriez-vous demander quelque chose pour vous, puisque vous êtes sûrs que quelqu’un va se charger de la demander à votre place ? »

Rien ne change, jamais...

(NB : excusez l’erreur de Françoise Dorin, qui semble ignorer que l’expression quelque chose, en dépit des apparences, est considérée comme étant du masculin)

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