Les accents
Il s’agit des accents qui agrémentent notre alphabet, pas de ceux qui rendent incompréhensible le pittoresque jargon des provinciaux (lecteurs sans humour, passez votre chemin). Nous en avons trois, de ces accents-là, plus un tréma. Les Vietnamiens, eux, en ont sept ! Et les Anglais, aucun, ce qui a permis aux informaticiens d’inventer un alphabet ultra-court, l’alphabet ASCII, très insuffisant pour la plupart des langues.
Mon préféré, c’est l’accent circonflexe. Comme Bernard Pivot, J’AIME l’accent circonflexe. Il fait partie de ces excentricités que j’affectionne et qui m’incitent, parfois, à regretter de n’être pas anglais – mais pas pour l’alphabet ! En 1990, l’Académie-Française a fait quelques suggestions pour simplifier un peu notre orthographe (elle ne les a pas imposées, elle n’en a ni le goût ni le pouvoir). Ces suggestions, je les ai presque toutes adoptées, car elles étaient logiques, simples et raisonnables. Toutes ? Non ! L’Académie avait suggéré de laisser tomber l’accent circonflexe, mais là, c’était trop. J’ai donc remplacé événement par évènement, conformément à la prononciation usuelle, mais je continue d’écrire maître plutôt que maitre et chaîne plutôt que chaine. En outre, désormais, j’écris argüer et non plus arguer, car cela m’agace d’entendre des armées de blaireaux faire rimer ce verbe avec reggae – alors que le « u » doit se prononcer, comme dans argument.
(Il existe un autre verbe arguer, qui rime bien avec reggae, mais il n’a pas du tout la même signification)