Les environs du paradis

Publié le par Yves-André Samère

Comment se contenter d’une seule notule quand on veut rendre compte de la prestation accomplie en scène, avec la pièce Le paradis sur Terre, au théâtre Édouard VII, par cet acteur extraordinaire qu’est Johnny Hallyday ? Et d’abord, rendre hommage à son maquilleur, qui le fait paraître dans la peau d’un quadragénaire, quand notre idole a soixante-huit ans ? Vite, un Molière pour cet artisan du postiche et du fond de teint !

L’émission de Paris Première commençait à 20 heures 50, mais la pièce n’a démarré que dix-sept minutes plus tard : il importait de la faire précéder d’un éloge appuyé de la vedette, ce dont se sont chargés ses deux partenaires, son metteur en scène, le présentateur de l’émission Dominique Besnehard, plus quatre invités, « amis de Johnny » disait l’incrustation au bas de l’écran : François Berléand, Philippe Labro, Philippe Tesson et Laurent Gerra, expert théâtral bien connu. L’auteur de la pièce s’était fait excuser, sous le prétexte qu’il était mort depuis vingt-huit ans. Tous, naturellement, ont vanté son talent – que dis-je ? SES talents, et son intelligence bien connue. Et Johnny lui-même, en toute simplicité et qui a certainement lu tout Tennessee Williams puisqu’une de ses chansons le dit (On a tous quelque chose en nous de Tennessee), est venu nous apprendre que les personnages de la pièce étaient conformes à ceux des romans du même auteur – lequel, à vrai dire, n’en a rédigé que deux, en 1950 et en 1975, totalement ignorés mais que Johnny a certainement dans sa bibliothèque.

J’ai noté que le théâtre Édouard VII était une belle entreprise familiale. En cheville avec les chaînes de télévision, puisque deux pièces diffusées sur trois sont retransmises depuis cette salle, on n’y joue audacieusement que des pièces d’auteurs inconnus, Sacha Guitry, Georges Feydeau, avec toujours les mêmes acteurs, Pierre Arditi (exceptionnellement absent ce soir-là) et François Berléand, mises en scène par le directeur du théâtre Bernard Murat, musiquées par un certain Frédéric Murat qui ne doit pas lui être tout à fait étranger, filmée par son frère Emmanuel Murat, avec pour assistante une certaine Andrée Zana Murat, en outre directrice de la communication.

Ne disons qu’un mot du patron : Bernard Murat, socialiste bon teint et qui donc « a la carte », comme on dit, est surtout connu comme le plus mauvais metteur en scène de Paris. J’ai déjà eu à son sujet quelques mots aimables, aussi me contenterai-je aujourd’hui de cette notation rigolote, prise dans la pièce de Johnny : à deux reprises, et alors qu’on l’a entendue dire « Je suis droitière », on voit Audrey Dana faire le signe de croix… de la main gauche !

Le petit détail réaliste, il n’y a que ça de vrai.

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