Au Théâtre, « Le paradis sur Terre »

Publié le par Yves-André Samère

Le croiriez-vous ? Hier soir, j’ai regardé Johnny Hallyday. Pas de panique : c’était à la télévision. Je ne suis tout de même pas crétin au point de payer pour aller le voir en chair et en os. Oh ! cela m’est arrivé une fois, à Marseille où je ne connaissais personne et où je faisais escale un soir, mais c’était suffisant pour une vie entière.

Bref, comme chacun sait, le plus grand artiste français de tous les temps jouait hier, pour la dernière fois, une pièce de Tennessee Williams au théâtre Édouard VII, Le paradis sur terre, et la chaîne de télévision Paris-Première retransmettait en direct cet évènement, le plus important depuis que l’Homme a marché sur la Lune.

Pour être franc, cette pièce, très peu connue, est à la fois nulle et démodée (le racisme anti-Noir dans les États du Sud, ça commence à dater sérieusement), et l’auteur a peiné pour remplir deux heures – sans entracte – avec une intrigue aussi mince que le talent de son principal interprète, mais la pièce avait été exhumée précisément parce que le rôle était simpliste : celui d’un type solitaire et bourru qui, ayant du sang noir (quelle horreur !), déteste son demi-frère blanc et veut lui piquer son héritage, en l’occurrence la maison de sa famille. Pour corser le tout, ce demi-frère est agonisant, vient de se marier avec une fille à la cuisse légère, et une crue du Mississippi menace la région.

Il est vrai que certains malveillants, et là je ne plaisante plus, ont prétendu que Johnny n’avait pas le premier rôle et ne faisait son apparition qu’au bout d’une heure. C’est complètement faux, il est le premier personnage qui apparaît, puis il passe dans la cuisine et n’en revient qu’au bout d’un quart d’heure, pour ne plus quitter la scène ensuite : il la partage avec sa partenaire Audrey Dana, dont on a dit beaucoup plus de bien qu’elle en mérite, car c’est une actrice fort vulgaire et qui en fait des tonnes. En réalité, le seul bon acteur, c’est celui qu’on voit le moins, Julien Cottereau, qui joue le frère tuberculeux. Presque constamment, il est remisé au premier étage, où il dort dans les moments où il ne tousse pas. Lorsqu’il redescend, peu avant la fin, il est déguisé avec les vêtements de sa mère, comme Anthony Perkins dans Psychose, et il s’effondre très vite dans la cuisine, où il meurt.

Enthousiasme du public. Johnny, s’adressant à lui après les rappels, affirme que sa prestation au théâtre, « c’était la première, mais pas la dernière ».

Toujours des menaces !

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