Les exils de Bernard Arnault
Bernard Arnault, qui habite dans la banlieue chic de Bruxelles depuis des années, aurait pu rester tranquille et ne pas annoncer qu’il avait l’intention de demander la nationalité belge. Il l’a fait, et a provoqué une explosion sur le motif de cette modification d’identité (le souci d’éviter à ses enfants le paiement de droits de succession importants quand il mourra). Pour lui-même, rien ne change, il payait ses impôts en France et continuera. Il est vrai qu’avec une fortune de 21,2 milliards d’euros, on attire l’attention...
Il faut dire, ce que peu de gens savent dans le grand public, qu’Arnault n’en est pas à son coup d’essai. En 1978, craignant la victoire de la gauche aux élections législatives, il était parti au Québec : il espérait y vendre des maisons Férinel, mais ce fut un échec total, et il revint en France dès que les élections furent gagnées... par la droite ! Plus tard, en 1982, alors que Mitterrand lance son programme de nationalisations, il s’exile aux États-Unis, où le dollar ne vaut que 5 francs, taux avantageux pour y faire des achats à bon compte. Mais, installé à New York avec toute sa famille, il accumule les bides avec trois programmes immobiliers en Floride. Sa tour Princess, qu’il espérait vendre, était à deux pas d’une centrale nucléaire ! Il eut un commentaire désabusé : « C’est difficile pour un Français de réussir là-bas ».
Il quitte New York en 1984 et revient faire des affaires en France, où, tout comptes faits, il fait fortune avec LVMH... Comme quoi, c’est facile pour un Français de réussir ici.