Les neiges du Kilimandjaro

Publié le par Yves-André Samère

En 2006, Al Gore, ancien vice-président des États-Unis, reconverti dans le business écologique (dont il vit grassement, rassurez-vous), a fait réaliser par Davis Guggenheim, réalisateur de télévision, un film d’après sa conférence An inconvenient truth – en français, Une vérité qui dérange. En 2007, le film a gagné deux Oscars (meilleure musique et meilleur documentaire) et un Eddie (récompense décernée aux films documentaires pour leur montage) ainsi qu’une pincée d’autres récompenses diverses. Tant mieux pour lui et pour son promoteur.

Dans ce film d’inspiration outrageusement catastrophiste et dont les prédictions ont depuis été invalidées, comme cette hypothèse d’une élévation de six mètres du niveau des océans (!), Gore utilisait des images qu’il voulait frappantes et donc convaincantes. Parmi elles, une vue du Kilimandjaro, la plus haute montagne d’Afrique, située en Tanzanie. Attendu que le plus haut des trois sommets volcaniques qui le constituent culmine à 5891,8 mètres, le Kilimandjaro est ordinairement couvert de neige à cet endroit. Or le film en montrait une image d’où les neiges avaient disparu. Conclusion : c’est une conséquence du réchauffement climatique de la Terre, et le responsable ne peut être que le gaz carbonique !

Il est malheureux que les films ne puissent pas être mis à jour comme les sites Internet, et que telle image prise à telle date ne puisse être complétée ou remplacée, ultérieurement, par une image différente. Car cette situation, le Kilimandjaro privé de ses neiges, n’existait plus... deux mois après : les neiges étaient revenues ! Ajoutons qu’une vue prise de loin ne peut pas montrer les neiges qui s’amassent à l’intérieur des trois cratères. Mais une petite visite avec l’aide de notre ami Google Earth vous montrera qu’elles s’y trouvent, et qu’il y a peu de différences entre les photos du 1er février 2003 et du 29 janvier 2006 (le film An inconvenient truth a été vu pour la première fois au Festival de Sundance, aux États-Unis, le 24 janvier 2006).

Quoi ! Le réchauffement climatique avait donc fait marche arrière en deux mois, et la Terre s’était entre-temps refroidie ? Pas du tout, et l’explication a été donnée en 2007 par... deux membres du GIEC, cet organisme politique militant pour les mesures extrêmes qui tendraient à nous sauver de la catastrophe qu’ils ont eux-mêmes imaginée. Ces deux scientifiques, Philip Mote et George Kaser, ont écrit un article, Les glaces du Kilimandjaro, pourquoi elles ont régressé, dans Pour la science (n° 362, décembre 2007). Ils y écrivaient textuellement : « Le recul des glaces du Kilimandjaro n’est pas imputable au réchauffement global de la Terre. Des chutes de neige moins fréquentes et moins abondantes en sont responsables ». Puisque des membres du GIEC le disent... Ils expliquaient que les courants marins dans l’Océan Indien se modifient lentement (cela a débuté il y a trois millions d’années), et que leur circulation entre l’Océan Pacifique et l’Océan Indien s’est ralentie au niveau de l’Indonésie, entraînant effectivement un réchauffement dans tout l’Océan Indien. Le Kilimandjaro, qui n’est qu’à 280 kilomètres du littoral de cet océan, subit l’influence de ce réchauffement local... qui ne doit rien au gaz carbonique !

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