Les robots
Vous ne le trouvez pas comique, le spectacle des rues ? Partout, et de plus en plus, les trottoirs, voire les chaussées, sont envahis d’individus déambulant tels les zombies de Romero, les yeux fixés sur l’écran de leur téléphone... pardon : de leur smartphone. Au fait, smartphone, ça signifie « téléphone intelligent ». Mais, en l’occurrence, il n’y a que le téléphone qui est intelligent.
Vous avez déjà été attablé dans un restaurant ou à la terrasse d’un café, essayant de poursuivre une conversation intelligible avec un de ces cinglés du téléphone que vous aviez naguère pris pour un ami ? Sinon, croyez-moi, renoncez et entrez fissa au couvent, c’est le seul endroit où – peut-être – vous échapperez au sketch burlesque mais qui néanmoins rendrait enragé n’importe quel bipède doté d’une intelligence et d’une sensibilité normales : votre interlocuteur ne vous écoutant pas et agitant frénétiquement ses doigts sur un clavier d’ailleurs aussi virtuel que son cerveau, pour envoyer des messages qu’il estime plus importants que votre conversation, laquelle, du coup, ressemble de plus en plus à un parcours du combattant. Comment caser une idée, voire un simple potin, dans cet « échange » entre vous et ce robot plus proche du Sleeper de Woody Allen que de ceux de la série Real humans ?
Si, à ce qu’on me dit, vous pointez votre nez dans une salle de cours d’une faculté quelconque – ce que je n’ai jamais fait, Dieu merci, vu mon niveau d’études –, vous y verrez ce spectacle édifiant : une armée d’étudiants tapant sur le clavier de leur ordinateur portable, face à un professeur pas du tout certain qu’on l’écoute encore et qu’on prenne en note ce qu’il tente de leur enseigner : ne sont-ils pas plutôt en train de twitter ?
Jusqu’au Conseil des ministres et à l’Assemblée nationale, qui sont gagnés par la maladie, et l’évènement qui a fait scandale il y a un peu moins d’un an, lors de la campagne électorale pour les élections législatives, ça a été un tweet ! Même Benoît XVI s’est cru obligé de faire semblant...
Il y a soixante ans, le twist régnait ; aujourd’hui, c’est le tweet.