Libération « conditionnelle »

Publié le par Yves-André Samère

Dans ces pages, il m’arrive fréquemment de me payer la tête de ceux qui massacrent le français – ou croient l’enjoliver, ce qui revient au même. Ce n’est pas, de ma part, une forme de purisme, et je me fiche bien qu’on me traite de « casse-couilles », comme le font les humoristes généralement incultes que l’on reprend sur les fautes dont ils enchantent journellement nos oreilles ; ou qu’on m’attribue une hypothétique « obsession de l’imparfait du subjonctif », comme l’avait fait bêtement, il y a quelques années, « Le Canard enchaîné » à propos de Jean-Marie Le Pen – dont beaucoup de gens ne supportent pas qu’il s’exprime mieux que la quasi-totalité des hommes politiques (ne pas voir dans cette affirmation une quelconque sympathie pour Le Pen, la question n’est pas là : c’est un fait, il ne commet pas de fautes de français).

Non, si je me soucie un peu de la forme, c’est parce que je la crois inséparable du fond. Je sais, l’affirmation est banale. Mais je suis persuadé que, d’une part, le premier souci doit être celui du mot juste, et, d’autre part, que livrer à l’admiration des foules de nos chers convitoyens des phrases mal foutues, c’est l’indice qu’on possède un esprit mal structuré, ce qui ne doit pas beaucoup aider à penser correctement.

Dans cet ordre d’idées, j’ai fort admiré l’avocat français de cet assassin iranien qu’on a libéré aujourd’hui pour le renvoyer dans son pays. Le cher maître a parlé, à cette occasion, de « libération conditionnelle », ce qui a provoqué chez moi un hurlement de rire dont mes voisins se plaignent encore, huit heures après. Si les mots ont un sens, une libération conditionnelle, c’est une libération soumise à une condition. Et on aimerait beaucoup connaître quelle(s) condition(s) les autorités françaises ont bien pu imposer à un homme qu’on a laissé sortir du territoire national. Ne pas recommencer à égorger des gens ? Et s’il ne satisfait pas à cette condition, on le remet au trou ? Ah zut, il n’est plus là, il est en Iran !...

Cette manière de s’exprimer, puisqu’il faut en revenir au fond, n’est l’indice que d’une seule chose : cacher sous du blablabla le fait que le gouvernement français a cédé à un chantage. Mais ne le répétez pas. Ou alors, badigeonnez cela avec un peu de langue de bois. Si tant est qu’on puisse badigeonner quoi que ce soit avec du bois.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
<br /> ...et s'il ne se soumet pas aux convocations, ou s'il ne remplit pas ses obligations (le travail indiqué pour sa libération et loger à l'adresse indiquée, par exemple)hé bé, il n'y aura plus qu'à<br /> aller le chercher et le ramener par la peau du dos !<br /> <br /> <br />
Répondre