Majuscule, minuscule...

Publié le par Yves-André Samère

Fidèle à ma ligne de conduite de ne traiter que de choses insignifiantes, voici l’occasion idéale, fournie par « Le Canard enchaîné » d’hier.

Les inconscients qui ont la persévérance – certains diraient « le masochisme » – de lire mes petits écrits ont peut-être remarqué une douce manie qui m’est propre : je n’observe jamais la coutume consistant à farcir de majuscules les titres de livres et de films. Cette fureur enjolivante et majusculophile sévit surtout aux États-Unis, et les titres des journaux, là-bas, comportent une majuscule en début de chaque mot (c’est même ce qui distingue les journaux états-uniens des journaux anglais, qui en utilisent beaucoup moins, vérifiez). En effet, rien ne justifie à mes yeux ce type de décoration, et je comprends mal en quoi on devrait écrire Le Lys dans la Vallée plutôt que Le lys dans la vallée, par exemple.

Donc, les titres, je les rectifie, conformément à la logique.

Or je me suis rendu compte hier que « Le Canard enchaîné » faisait de même ! Les grands esprits se rencontrent… Mais il lui arrive de tomber dans l’excès de zèle, et jamais je n’aurais procédé à cette simplification, comme l’a fait en page 6 David Fontaine, à propos du livre qui a rendu célèbre Jonathan Littell. Comme tout le monde le sait, cet écrivain est né à New York il y a quarante-quatre ans (mais en 2007 il est devenu français, PUISQUE il a gagné beaucoup d’argent chez nous, ce qui du coup le rend honorable alors qu’auparavant on lui avait refusé deux fois sa naturalisation). Or, débutant dans le roman, il s’est payé le luxe de décrocher le Prix Goncourt en rédigeant en français son livre Les Bienveillantes.

Aïe ! Je viens de mettre une majuscule à « Bienveillantes », alors que David Fontaine, rédacteur du « Canard » et dont parlais plus haut, y a mis une minuscule. Oui, mais, pour une fois, il ne fallait pas, car ce mot, Bienveillantes, et contrairement aux apparences, est dans ce contexte… un nom propre ! Il désigne en effet ces déesses infernales de l’Antiquité grecque, les Érynnies, aussi appelées Euménides – et Furies chez les Romains. Or le roman de Littell parle du nazisme, ce qui autorise tout à fait le rapprochement.

À vouloir trop en faire...

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