Ne chantez plus !

Nous avons appris ce matin que l’inspection du travail, chargée de faire respecter les lois, euh... sur le travail, au lieu de s’occuper des ateliers de travail clandestin, par exemple dans le quartier du Sentier qui se trouve à côté de chez moi, a mis son nez chez... les Petits Chanteurs à la Croix de Bois ! Eh oui, il faut penser aux priorités.

Que dit la loi ? Qu’on doit observer deux jours de repos consécutifs par semaine. Or les Petits Chanteurs, depuis leur création en 1907 (il ne font pas leur âge, c’est l’année de naissance de Tino Rossi), peuvent en général chanter six jours sur sept. Mais ces petits salauds ont oublié de se syndiquer à la CGT. Sans ça, vous pensez bien qu’ils auraient fait grève depuis longtemps pour protester contre les cadences infernales.

Bref, désormais, ils seront obligés de se reposer. Certes, ils avaient jusqu’ici l’autorisation d’alterner cinq jours de concert et un jour de repos, et cela durait depuis une bonne dizaine d’années, a rappelé Marc Ladefroux, leur délégué général. Mais c’est fini, l’administration a décidé en octobre dernier de supprimer cette exception, et elle vient de le confirmer par lettre du 16 avril.

Ladefroux a écrit à Michel Sapin, ministre du Travail, pour lui proposer de modifier la législation – celle de l’emploi des enfants dans le spectacle. Ce serait d’autant plus justifié que la vie des Petits Chanteurs n’a rien d’une galère, et que personne ne gagne d’argent, sauf eux, voir plus loin. Réponse lors du rendez-vous au ministère, le 24 mai. Si la manécanterie disparaît, vous saurez à qui envoyer vos remerciements. Pour le moment, la solution est... le concert gratuit, puisque ce type de manifestation n’entre pas, dit-on, dans le décompte des jours. Le concert de demain à Denain sera donc gratuit.

Rappel : les Petits Chanteurs sont actuellement soixante-dix-huit, ils ont entre huit et quinze ans, et on leur verse 80 % du SMIC sur un compte bloqué jusqu’à leur majorité.