Nuit blanche à Paris

Publié le par Yves-André Samère

La onzième Nuit Blanche avait lieu cette nuit à Paris, entre 19 heures hier et 7 heures ce matin. C’était une invention de Bertrand Delanoë quand il a commencé son mandat de maire, mais il faut dire que la première en date ne lui avait pas porté chance, puisqu’il s’était fait poignarder par un fou ! Malgré cela, il a continué, et, hier soir, j’ai décidé d’aller y faire un tour. Les attractions, pas toutes annoncées, se dispersaient un peu partout, quelques-unes ayant lieu pas très loin de chez moi. Le patron du Centre Pompidou, qui avait conçu celle de cette année, n’avait pas manqué d’en faire la pub, dans ce langage prétentieux qui fait des ravages : il disait avoir mis cette « nuit des savoirs » sous le signe de l’art, de la flânerie et de l’architecture contemporaine. « Je voudrais créer une utopie, un moment différent », a-t-il proclamé, le thème étant de suivre une « ligne serpentine » traversant Paris d’ouest en est, de Chaillot à Ivry. Autrement dit, loin de la Seine, il n’y avait rien.

La première attraction se passait au dessus du chantier de rénovation des Halles, et s’intitulait « Calderpillar » (sic). Les frères Ripoulain y ont fait construire un « hommage à Alexander Calder », mais les mobiles étaient remplacées par du matériel de chantier. J’ai surtout vu une demi-douzaines de cages en grillage suspendues à une immense grue et qui pendouillaient tristement, éclairées à l’économie par deux ou trois projecteurs au sol, mais on avait bâti un podium inutile pour que les touristes puissent mieux voir. La télé était là en vue de recueillir l’émerveillement des rares visiteurs, qui semblaient surtout se demander pourquoi on les avait dérangés.

Puis j’ai fait un saut place Baudoyer, où se trouve la mairie du quatrième arrondissement – lieu sacré, puisque c’est ici que Delanoë a marié Eva Longoria avec je ne sais plus quel joueur de basket. J’étais donc très ému d’y pénétrer (dans la mairie, je précise). Là, au premier étage, dans la plus grande salle de l’édifice, un certain Michel Blazy avait installé d’énormes pompes qui déversaient lentement de la mousse de savon, ressemblant à de la neige, et sur six ou sept mètres de hauteur. En rang d’oignons, les visiteurs photographiaient ce chef d’œuvre de l’art contemporain, puisque éphémère.

Retour par le Marais. Sur un trottoir, un chanteur interprétait un Ave Maria d’une voix de castrat, et je suis passé très vite pour aller jeter un coup d’œil au musée des Archives nationales. Dans la cour, des tubes éjectaient... des bulles de savon. Encore du savon, décidément, l’atmosphère est au nettoyage. Déçus, les touristes gagnaient en hâte la sortie.

Beaucoup de ces merveilles nécessitaient de faire la queue, chose qui m’insupporte, j’ai donc boycotté tous les endroits où des cerbères vous imposaient d’entrer par là et pas par là... après avoir fouillé votre sac si vous en aviez un (ils devaient chercher un éventuel poignard destiné au maire). Quant à prendre des photos, alors même que je possède au moins une demi-douzaine d’appareils dont trois ou quatre Nikon, j’ai laissé tout mon matériel chez moi, car j’aime me déplacer les mains vides (et dans les poches, vides également). Je ne l’ai pas regretté !

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
Rappelons que Paris est la ville-LUMIÈRE ! Et donc...
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D
Donc vous êtes Nikon mais pas Kon.<br /> Allez,consolez-vous: les bulles vous pourrez les photographier à loisir dans votre propre baignoire qui deviendra alors un chef d'oeuvre de l'art contemporain.<br /> OUPS!!!non pas la baignoire! c'est interdit car ce n'est pas écologique...le lavabo fera l'affaire.<br /> Mais au fait, pour produire ces montagnes de mousse et éclairer ces grues de chantier ça ne consomme pas d'eau ni d'électricité? Je connais des gens à qui on coupe l'alimentation en électricité<br /> pour une dette de quelques euros...même en hiver (cela a failli arriver à ma fille alors étudiante au très petits moyens financiers)...mais il y a des priorités...ici c'est de l'Art.On est obligé<br /> d'en passer par là.Et il y a le budget culturel pour ça.<br /> Tout va bien.
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