On demande censure
On apprend qu’un étudiant français, âgé de vingt ans et homosexuel, veut porter plainte contre Facebook pour l’obliger à fermer tous les groupes homophobes et leurs dérivés racistes. Sans surprise, sur le forum du journal homosexuel « Têtu », tous les intervenants l’approuvent, le soutiennent, expriment leur enthousiasme – ce qui ne leur coûte rien.
Eh bien non, ce garçon a tort. Ce qu’il veut instaurer, en somme, c’est une censure. Je pense au contraire qu’on doit laisser les opinions extrémistes s’exprimer librement, quitte à ce qu’elles se ridiculisent toutes seules. On devrait rappeler à ce jeune militant ce que disait Voltaire à propos du philosophe Helvétius (et qui, soit dit en passant, a été prodigieusement déformé, donnant le jour à une citation souvent reprise mais fausse) : « Cet homme valait mieux que tous ses ennemis ensemble ; mais je n’ai jamais approuvé ni les erreurs de son livre, ni les vérités triviales qu’il débite avec emphase. J’ai pris son parti hautement, quand des hommes absurdes l’ont condamné pour ces vérités mêmes ».
Cette initiative de l’étudiant français serait impossible aux États-Unis, où la liberté d’expression est telle que les néo-nazis ont le droit de s’exprimer librement, et même de porter plainte si on tente de les en empêcher. Je ne dis pas qu’exprimer des opinions néo-nazis est un bien, mais qu’une société où tout le monde aurait la même opinion, c’est pire.