Pitié, plus de «bisous » !
Je crois que rien ne m’horripile davantage que cette manie bien féminine de conclure une conversation, soit de vive voix, soit au téléphone, par ce mot fatal : « Bisous ! ». Pour être franc, j’ai aussi connu un ou deux garçons qui s’exprimaient de cette façon, mais je ne les vois plus depuis longtemps, et ils ne me manquent pas.
Il y a de quoi se demander, lorsqu’un supposé adulte vous balance cette ineptie dans les oreilles, si la Terre n’est plus peuplée que d’enfants de quatre ans. Et le niveau d’études du sot ou de la sotte n’est pas en cause : caissières de supermarché ou étudiants en sociologie, presque tous concluent leurs échanges par des bisous. À quoi s’ajoute cette autre manie d’embrasser tout le monde, y compris des gens qu’on voit pour la première fois – et que sans doute on ne reverra jamais. Cet usage ne sévit plus seulement dans le milieu artistique, où il fait des ravages, il a gagné la France entière.
Il y a des jours où, comme Alceste, on se retirerait bien au désert pour ne plus voir ou entendre ça. En toute logique, ce genre de niaiserie doit vous donner l’envie de mordre. Finalement, il m’arrive de comprendre Dracula. Si j’avais un jeune enfant, je me garderais bien de lui enseigner ce vocabulaire de bas étage (et aussi, de lui parler du Père Noël).