Portons en Afrique la bonne parole !

Publié le par Yves-André Samère

Vous auriez beau être, à l’instar de votre (très humble) serviteur, dépourvu de la moindre sensibilité, cela vous semble un peu fort de café que des nantis germanopratins, après avoir bien péroré au Café de Flore ou à la Closerie des Lilas, s’en aillent dire aux Africains : « Écoutez, les gars, on comprend très bien que vous aspiriez à sortir un peu de la mouise et souhaitiez un minimum de développement ; que vous en avez marre, à la longue, de bouffer du manioc, du riz et des bananes plantains ; qu’à force de dormir par terre, sur des nattes que vos femmes ont tressées de leurs mains déformées par l’arthrite, vous commenciez à songer que ce ne serait pas plus mal de dormir sur un matelas multispires dans des draps de lin, et sans être dévorés chaque nuit par les moustiques, lesquels, en prime, vous collent le paludisme, la maladie qui fait au monde le plus de victimes ; que cela vous défrise un tantinet de voir vos gosses mourir du cancer parce qu’ils respirent la fumée du bois qui est votre seul combustible pour faire la cuisine ; qu’au moindre mal de dents, il vous faille recourir à l’arrachage sans anesthésie pratiqué par un rebouteux sans diplôme ni instrument ; que, dans tout le département où vous vivez, il n’existe aucun médecin, aucun pharmacien ; que la viande dont vous vous nourrissez, n’ayant jamais approché à moins de cinquante kilomètres d’un frigo, est avariée avant même d’atterrir dans vos calebasses ; et que les panneaux solaires que nous vous avons généreusement installés ne sont pas fichus d’alimenter plus qu’une ampoule électrique de 40 watts ou un poste de radio à ondes courtes. Mais enfin, comprenez, si on vous laisse brûler le pétrole et le charbon dont regorge votre sous-sol afin de fabriquer de l’électricité, vous allez faire monter d’un demi-degré la température moyenne de la planète, et ça, c’est inacceptable, vu que, dans nos penthouses, on risque tous d’être noyés par la montée du niveau des mers ! ».

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