Pourquoi discuter de politique ?
On ne saurait sortir un film (un jour, il faudra que je brode sur cette expression, sortir un film, elle est riche de sens cachés) sans l’accompagner d’un slogan accrocheur, voire racoleur. Or je viens de voir l’affiche d’un film qui sortira mercredi, donc après-demain, due à une débutante, à l’instar des deux-tiers de la production française, et que je ne verrai probablement pas – ce sera par conséquent mon unique occasion d’en parler.
Le slogan qui vante cette marchandise est le suivant, que je cite à la lettre près, comme toujours : « En famille, le sexe, c’est comme la politique : on en parle ou pas ». Grave question. Si grave que, dans mon souci de toujours approfondir les thèmes philosophiques, je compte la traiter en deux fois. Aujourd’hui, commençons par le côté le plus sale, la politique. Et plus généralement, les opinions de tout poil.
Depuis toujours, j’estime que le fameux dicton « De la discussion jaillira la lumière » est une belle imbécillité. La lumière peut jaillir d’un briquet, d’un lampadaire, du téléviseur devant lequel vous vous êtes endormi, voire d’un feu d’artifice pour peu qu’on soit le 14 juillet ou un jour d’été au Parc Tivoli de Copenhague (si-si ! Ils font en été un feu d’artifice trois fois par semaine, en plein centre-ville), mais d’une discussion, j’en doute autant que de la virginité de Marie, future mère de Jésus, après la visite de l’ange Gabriel. Ici, suspendons un instant mon discours. Je dis « imbécillité » pour qualifier le dicton, parce que billevesée n’est plus connu de personne ; que je n’ose écrire connerie, de crainte que les dames du septième arrondissement qui forment l’essentiel de mon lectorat puissent en être choquées et m’agonir d’injures parfumées au Chanel numéro Cinq ; et parce que j’écris trop souvent le mot ineptie, que j’aime par-dessus tout. Vous voyez que je suis lucide. Donc, le dicton en question est digne d’un électeur de Nadine Morano, voire de Nadine herself. Oui, depuis toujours, je SAIS que l’on ne convainc jamais qui que ce soit en discutant. Si on pouvait le faire, les diplomates seraient les rois du monde, et la Terre, qui n’a jamais connu une minute sans que quelques poignées de sauvages se chicornent ici ou là, et aujourd’hui plus que jamais, serait le paradis, euh.... terrestre.
En fait, discuter ne sert à rien, sinon à conforter chacun dans la certitude que c’est LUI qui a raison, pas le type d’en face, et je vous prie de ne pas me contredire. Or ce qui est vrai dans la vie ordinaire l’est tout autant, sinon davantage, au sein d’une famille. Je n’ai pas besoin de vous le prouver, vous avez peut-être une famille, malheureux ! comme bien des gens vivants, donc vous savez.
Et vu que la politique fait partie de ces sujets sur lesquels on ne peut en aucun cas se mettre d’accord avec qui que ce soit, la conclusion coule de source : non, on ne doit jamais parler de politique en famille. C’est un simple argument de bon sens. Moi, en tout cas, je ne l’ai jamais fait.
Pour ce qui est du sexe, vous verrez, quand je me déciderai à en parler, que le raisonnement est complètement différent. Patience.