PPD bienfaiteur
Lorsque PPD, ou Attali, ou Calixthe Belaya, ou Ardisson, ou les jumeaux Bogdanov, ou même Molière (!), vont chercher, disons, euh... l’inspiration dans une œuvre écrite par quelqu’un d’autre, la première réaction du bon peuple est de les qualifier de « voleurs ». Or le droit ne dit pas cela.
Le vol, en droit, cela consiste à prendre à autrui un objet matériel qui lui appartient, de telle sorte qu’après cette opération de soustraction, la victime n’a plus ledit objet en sa possession. Je vous vole votre voiture, vous n’avez plus de voiture. En somme, l’objet volé a été déplacé, sans plus. Et on imagine très bien la défense d’un voleur face au tribunal : « Je n’ai pas volé sa montre à cet homme, monsieur le président. Je l’ai seulement déplacée ! ».
Il va sans dire que le plagiat ne prive pas la victime de son œuvre. Il la prive peut-être de ses droits d’auteur, à condition que l’œuvre plagiée ait été dans le commerce et qu’elle ait rapporté quelque chose à son auteur. Mais rien n’a été « déplacé », et il n’y a pas vol.
C’est pourquoi on a inventé la notion de contrefaçon. Vous copiez un livre, un disque, un film, un parfum, une robe, une montre, et vous en obtenez une copie plus ou moins fidèle. Votre victime n’a pas subi un vol, et, en toute logique, le dommage est moindre. Si les sanctions sont pourtant si sévères contre le coupable, c’est uniquement parce que les intérêts économiques l’emportent aux yeux du législateur.
Mais c’est une philosophie, et elle aurait étonné bien des Anciens. Du reste, quand Molière piquait à Cyrano sa réplique « Que diable allait-il faire dans cette galère ? », il n’ôtait rien à sa pièce Le pédant joué, et la rendait plutôt célèbre avec Les fourberies de Scapin. Ainsi, PPD a rendu service à l’auteur de cette biographie d’Hemingway, dont personne n’avait entendu parler. Aujourd’hui, on se l’arrache. Quelle publicité !