Premier amendement
Lorsque les Pères Fondateurs des États-Unis ont rédigé la Constitution de leur pays, la liberté d’expression leur a paru si importante qu’ils ont inscrit dans le Premier amendement que le Gouvernement ne pourrait en rien la restreindre, et ne devrait en aucun cas s’en mêler. Si bien que, même de nos jours, il n’existe aux États-Unis aucune télévision d’État : toutes les grandes chaînes sont strictement privées.
Cela partait d’un bon sentiment... à l’époque ! En effet, à la fin du dix-huitième siècle, l’information circulait très lentement (rien n’était plus rapide que le cheval) et avait peu de retentissement. Elle se faisait par les livres et les journaux, et c’était à peu près tout. Il s’ensuit que les idées voyageaient à la même vitesse et touchaient peu de monde. Comme il en était de même des idées néfastes, on a pu croire qu’elles auraient peu d’influence sur les populations. Évidemment, lesdits Pères Fondateurs n’avaient rien vu !
Ils ne sont pas les seuls. Songez que le film de Stanley Kubrick, 2001, odyssée de l’espace, sorti en 1968, ne prévoyait ni Internet ni la miniaturisation du téléphone, au point que la scène où le savant téléphone à sa fille (jouée par la fille de Kubrick) semble aujourd’hui complètement ridicule. De nos jours, pratiquement n’importe quel évènement survenant n’importe où dans le monde peut être connu de la Terre entière. Il s’ensuit que la propagande néfaste possède désormais une force qu’elle n’avait jamais eu avant. Vous avez dû voir, dans The Blues brothers, comment des néo-nazis peuvent exiger que telle radio locale leur donne la parole, et qu’elle ne peut pas refuser, puisque ces gens charmants ont le droit de s’exprimer comme tout le monde !
Or, si la plupart des pays possèdent les moyens juridiques d’empêcher la diffusion de certaines informations – ou pseudo-informations –, les États-Unis, eux, sont totalement impuissants, et leur gouvernement est lié par ses propres lois. Il faudrait peut-être songer, à Washington, à remettre un peu la Constitution au goût du jour. Les réformes comme celle du Patriot act ne devraient pas servir seulement à espionner les citoyens, ou à permettre qu’on délègue les interrogatoires musclés dans les pays « amis ».