Procès : Arthur contre Didier Porte
Le 7 mai, un procès très médiatique aura lieu devant le tribunal correctionnel de Paris : Arthur y assigne Didier Porte, qu’il poursuit pour diffamation à la suite d’un article de celui-ci dans « Siné-Hebdo », intitulé « Arthur et les maxi-cons » – allusion au dernier film de Luc Besson. Arthur réclame en outre 15 000 euros de dommages et intérêts, et l’insertion du jugement « en caractère de grande taille et en première page » dans cet hebdomadaire.
Motif : Porte a commencé son article par cette phrase : « C’est l’histoire d’un multimillionnaire vulgaire et truqueur qui a fait fortune en pillant allègrement les caisses du service public (l’affaire des animateurs-producteurs dans les années 1990) ». Le mot « truqueur », c’est offensant, mais surtout, le plaignant estime qu’il a été diffamé en étant accusé de piller les caisses du service public.
Le tribunal jugera de la portée du mot truqueur, mais le point fort de la plainte réside dans cette accusation de pillage des caisses de la télévision publique, dont Porte aura du mal à prouver qu’elle est fondée, puisque la présidence de France Télévisions n’a jamais reconnu les faits et n’a jamais porté plainte.
Cependant, si le jugement donne raison à Arthur, il me semble que ce n’est pas Didier Porte qui devrait être condamné, mais Siné, en vertu des lois sur la presse, qui prévoit que le directeur de la publication d’un journal est responsable de ce qu’il publie, puisqu’il a la possibilité de refuser tout article qui passerait les bornes. Il y a de nombreux précédents, et on se souvient que, par exemple, Jeanne Maréchal, veuve du fondateur du « Canard enchaîné » Maurice Maréchal et devenue directrice à la mort de son mari, fut ainsi condamnée et perdit pour un temps ses droits civiques, alors même qu’elle ne se mêlait pas du tout de la rédaction. Quelques années plus tard, une mésaventure identique advint à son successeur Roger Fressoz. Dans le cas présent, il semble pourtant que Siné soit insolvable, puisque son journal, en déficit, cesse de paraître à la fin de ce mois.