Promesses, promesses...

En matière de commerce, et si vous ambitionnez d’acquérir un appareil un peu plus sophistiqué qu’une perceuse ou un rasoir électrique, le processus est immuable : ou bien l’objet de vos rêves n’est « pas encore disponible », comme disent les vendeurs (et ce, bien qu’il soit en démonstration sur les rayons), et dans ce cas il faut le réserver – c’est-à-dire payer tout de suite et le recevoir plus tard –, soit, plus simplement, l’objet n’est plus fabriqué – mais on peut vous en vendre un autre, plus cher.

Si cette histoire de « réserve », qu’on vous ressort à chaque fois, est si répandue, c’est parce qu’on enseigne dans toutes les écoles de commerce à ne JAMAIS dire à un client la triste vérité : que les poules auront des dents avant que sa commande soit satisfaite ; au contraire, elle le sera « incessamment, et même avant », comme disait San-Antonio. Je vous invite à faire l’expérience : allez dans un grand magasin et feignez de vouloir acheter un article dont vous avez appris qu’il n’est pas encore disponible, Internet étant très capable de vous donner ce renseignement. Eh bien, systématiquement, le vendeur vous dira que votre article n’est pas encore en stock sur place, mais, éventuellement après un coup de téléphone bidon chez le grossiste, qu’il arrivera « au début de la semaine prochaine », ou au milieu de la semaine prochaine si vous vous êtes pointé un samedi. Pas plus tard que mercredi, c’est juré.

Vous verrez, cela ne rate jamais.

Après cela, si vous étiez réellement acheteur et que vous avez eu la bêtise de passer à la caisse – condition sine qua non pour avoir droit à la « réservation » –, vous aurez le plaisir d’attendre un mois, voire deux ; puisque, bien entendu, tout le monde veut la même chose que vous et que le fabricant ne peut pas suivre. Entre-temps, l’envie vous aura passé, et vous vous retrouverez avec un objet qui, à présent, vous dégoûte. Car vous vous dites dès lors que les promesses d’un vendeur, c’est comme celles d’un homme politique : elles n’engagent que ceux qui y croient.