Py qui chante
Il était bien ridicule, hier soir, Olivier Py, venu exposer au Petit Journal une menace effrayante. Mais comme vous n’avez pas forcément vu le show, je vous explique.
Olivier Py, metteur en scène de cinéma et de théâtre, a été nommé directeur du Festival d’Avignon, l’année dernière, par le très sarkozyste Frédéric Mitterrand, le plus mauvais ministre de la Culture que nous ayons connu, si l’on excepte tous les autres. Comme nous ne sommes qu’en mars et que le festival se passe en juillet, Py n’a donc encore rien fait. Or les dernières élections municipales, mal engagées, laissent prévoir qu’un maire du Front National sera élu, et Py joue à se faire peur en soutenant que le FN va forcément lui mettre des bâtons dans les roues, supprimer les grands spectacles de gauche comme ceux que montent Nordey ou Jan Fabre, et mettre à la place des danses folkloriques et de l’opérette – l’horreur pour un homme de gauche. Bien entendu, rien de tout cela n’est avéré, c’est un procès d’intention, mais Py évoque cette alternative : soit le (prochain) maire fait pression sur lui, soit il ne fait pas pression sur lui.
Si le maire ne fait pas pression sur lui, Py estime que ce sera une manœuvre, et que le Front National cherche à le récupérer, lui, Py. Déshonneur. Moi, à sa place et dans une telle situation, je me ferais hara-kiri. On le comprend, sa réputation serait à jamais entachée.
Si le maire fait pression sur lui, Py a deux moyens de riposter : soit il démissionne, et plus aucun spectateur, estime-t-il modestement, ne viendra au festival, d’où la ruine de la ville ; soit il ne démissionne pas, et déménage le festival dans les villes voisines, par exemple Villeneuve. Ce qu’il n’a certes pas le pouvoir de faire, puisque ses attributions se bornent à établir le programme du festival, et encore, pas TOUT le festival, mais seulement le festival in, c’est-à-dire l’officiel (il y a un festival off, beaucoup plus copieux, où les directeurs de troupe louent à leurs frais des salles dans lesquelles ils peuvent jouer sans aucun contrôle du festival officiel).
Monsieur Py, attifé comme pour le carnaval de Dunkerque, est venu hier soir sur Canal Plus se faire caresser dans le sens du poil par un Yann Barthès qui se retenait de pouffer, et il a poussé la démagogie jusqu’à trouver irrésistible le numéro pas très bon des deux comiques de l’émission, Éric Metzger et Quentin Margot, habituellement mieux inspirés.
Avignonnais, vous êtes prévenus : si, dimanche prochain, vous ne donnez pas satisfaction à Olivier Py en votant bien, il va vous le faire payer en s’exilant. C’est ça, la terre brûlée. Voyez les Russes à Moscou en 1812.