Rétablissons la prison pour dettes !
On n’a jamais autant parlé des banques que depuis quatre ou cinq ans, lorsqu’elles ont si bien réussi à flanquer le monde entier dans la panade. C’est pourquoi il n’est pas inutile de s’intéresser un peu à ce qu’elles sont et ce qu’elles font.
Commençons par les questions de base : où, quand et pourquoi les banques sont-elles nées ?
Les premières banques connues sont apparues en Mésopotamie, à Babylone et à Nippur, au sixième siècle avant notre ère. À cette époque, les paysans pauvres empruntaient aux paysans riches des grains d’orge pour les semer et tenter d’obtenir une récolte. Si celle-ci était bonne, ils remboursaient leur prêt en orge, naturellement ; si elle ne l’était pas, ils se trouvaient ainsi endettés, et tombaient dans la servitude pour dette.
La servitude pour dette, parfois encadrée juridiquement, consistait à s’acquitter d’une dette par l’abandon de la propriété de soi-même : vous ne vous apparteniez plus, et vous vous retrouviez contraint de travailler gratuitement pour votre créancier, jusqu’à complet remboursement. Il faut reconnaître que ce procédé ne faisait pas l’unanimité, au point que Solon, poète et grand législateur grec (-640 à -558), a interdit cette pratique à Athènes. Mais elle a survécu un peu partout, et a parfois évolué en prison pour dettes : c’est même ce qui est arrivé au père de Charles Dickens, qui fut emprisonné en 1824 pour une dette de... 40 livres envers un boulanger, et y est resté quatorze semaines ! Autrement dit, au dix-neuvième siècle, elle existait encore...
Mais quand on voit comment se comporte Dieudonné, on aimerait qu’elle soit rétablie !