Savants mais nigauds

Publié le par Yves-André Samère

Ce qui devrait consoler par avance tous ceux des lycéens qui, à la fin du prochain mois, se feront étaler au bac (mais il y en a de moins en moins, grâces en soient rendues à nos ministres de l’Éducation nationale successifs), c’est que des scientifiques de renom ont manqué de bon sens, au point de commettre des bourdes qu’un homme ordinaire ne commettrait jamais.

Pour ne pas écraser mes millions de lecteurs sous mon érudition, je me contenterai de deux exemples, particulièrement marrants, du moins de mon point de vue.

Le premier concerne August Weismann, savant allemand qui travaillait en 1880 sur l’hérédité. Désireux de savoir si les caractères acquis se transmettaient aux descendants des êtres vivants, il coupait, dans son laboratoire, la queue des souriceaux qui lui servaient de sujets d’expérience. Et il constatait que les souriceaux qui naissaient de ces pères amputés venaient au jour, néanmoins, avec une queue. Conclusion, non, ça ne se transmet pas. Pauvres souriceaux ! S’ils avaient été doués de la parole, ils auraient pu faire observer à ce savant que, depuis des millénaires chez les Juifs, depuis douze siècles chez les Musulmans, on circoncit les garçons, et que leurs descendants n’en naissent pas moins avec leur prépuce. Ce savant-là était donc aussi futé qu’un étudiant en sociologie qui croit trouver du travail après ses études.

Le second est relatif à un autre scientifique que sans doute vous connaissez mieux, au moins de nom : Michel Chasles. Oui, le géniteur de la célèbre relation de Chasles qui a dû enchanter vos cours de mathématiques. Ce Chasles-là était aussi un collectionneur, et il reçut un jour de 1861 la visite d’un homme, qui disait se nommer Vrain-Lucas, et qui lui proposa d’acheter des lettres manuscrites, que Marie de Magdala, dite Marie-Madeleine, aurait écrites... à Jésus ! Chasles tomba dans le panneau, et ne s’étonna nullement que les missives fussent rédigées en français. Le prétendu Vrain-Lucas lui en proposa bien d’autres, et Chasles en fut enthousiasmé. Malheureusement pour l’escroc, l’affaire finit devant le tribunal correctionnel de la Seine en 1870. L’histoire complète est racontée ICI, et je vous en conseille la lecture.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :