Savoir choisir le moment
Pas très étonnant, ce remaniement ministériel survenant (les cons disent « intervenant ») un mercredi. C’est ce jour que paraît « Le Canard enchaîné », et l’on sait combien le Pouvoir craint les révélations du Volatile. Or il est rédigé (le journal, pas le Pouvoir) et imprimé le mardi, au début de l’après-midi – autrefois, quand on le composait directement au « marbre », c’est-à-dire à l’imprimerie, c’était à midi ; à présent, l’informatique permet d’attendre un peu plus longtemps, puisque le journal est faxé directement vers les imprimeries de province.
Bref, pour les politiques, le meilleur moyen de couper aux commentaires du « Canard », qui est hebdomadaire, c’est de retarder un évènement jusque après sa parution : on y gagne une semaine. C’est pourquoi il est devenu systématique d’attendre ce moment fatidique.
Les malveillants prétendent même que, pour mourir, le 2 avril 1974, Pompidou a patienté une journée ; si bien que les sarcasmes que l’hebdomadaire lui adressait involontairement après sa mort n’en ont semblé que plus odieux. Mais, comme je le rappelle sans arrêt, il ne faut jamais croire les malveillants.