Sortir de la crise ?

Publié le par Yves-André Samère

S’il convient d’être sceptique sur la capacité des pays arabo-musulmans à progresser dans le sens de la démocratie, au vu de ce qui se passe en Tunisie et en Libye, et compte tenu de ce que, depuis plus d’un millénaire, ils sont englués dans les dogmes d’une religion rétrograde (je ne mets pas pour autant la religion chrétienne au-dessus du panier, elle a eu ses atrocités ; simplement, elle en est sortie et a perdu beaucoup de son influence), en revanche, je reste optimiste quant à la crise financière actuelle, qui semble préparer des ravages en Europe.

Je pense depuis longtemps qu’en cas de difficultés, on a toujours intérêt à regarder ailleurs, parce que d’autres pays ont connu des situations plus graves, et s’en sont sortis. Ainsi, au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale, on citait constamment Hong-Kong et le Japon en exemples de pays pauvres. Songez qu’à Hong-Kong, les gens étaient obligés de vivre sur des bateaux ancrés dans le port ! Aujourd’hui, ce détail fait rire, quand on ne l’a pas purement et simplement oublié…

C’est pourquoi je conseillerais à nos dirigeants d’aller se renseigner auprès des Argentins. Leur pays a connu une crise très grave entre 1998 et 2002, or l’Argentine est aujourd’hui, non seulement sortie de cette crise, mais plus prospère que nous, puisque sa croissance est de 8 % depuis presque dix ans, une donnée dont nous ne pouvons même pas rêver sur notre continent. De sorte que l’Argentin de 2011, c’est l’équivalent du Brésilien de La vie parisienne d’Offenbach !

Comment ont-ils fait ? D’abord, on y a coupé le lien entre le dollar et le peso, la monnaie locale. Ce lien était destiné à briser l’inflation, mais il avait eu pour contrepartie la destruction de la croissance économique du pays. Si bien que l’Argentine avait dû dévaluer (de 72 % !), et annoncé qu’elle ne paierait plus ses dettes. Les Argentins s’étaient précipités sur les banques pour y vider leurs comptes, mais ils avaient trouvé les portes closes, et la panique avait gagné le pays. La Grèce n’en est pas encore là !

Le pays en crise a fini par redécoller, et le chômage, qui y était de 23 % en 2002, n’est plus que de 7 % aujourd’hui. Pas un pays européen ne fait aussi bien. Et la pauvreté a notablement reculé. Tout cela, non pas seulement qu’elle a du soja à vendre, comme le prétendent les esprits chagrins, mais parce que ses gouvernants se sont attaqué à la mondialisation : ils ont refusé toutes les règles économiques appliquées chez nous comme une nouvelle religion (anarchie commerciale, monétaire et financière), et n’ont plus rien emprunté aux marchés financiers depuis dix ans ! Nous en sommes loin.

Certes, le protectionnisme argentin n’est pas à la mode chez nous, et aucun intellectuel ne le défend. Mais les États-Unis le pratiquent abondamment. Quant à nous, on a oublié d’essayer…

Satisfaits, les Argentins l’ont montré dimanche, en réélisant leur présidente au premier tour avec 53 % des voix, devant les candidats socialiste (17 %) et radical (12 %).

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