Star ?

Publié le par Yves-André Samère

Une manie qui me gonfle particulièrement, c’est celle consistant à qualifier de « star » à peu près n’importe qui dont on a parlé publiquement au moins une fois. Ce mot anglais, qui signifie étoile, était naguère appliqué à une célébrité mondiale, spécialement dans le domaine du spectacle, et nul ne trouvait ridicule qu’on désigne Elizabeth Taylor, par exemple, comme une star. Notez que l’Opéra de Paris a échappé à cette nomenclature, et l’on continue à parler, en ce lieu, de « danseuse-étoile », le grade suprême, ce qui n’est pas plus mal.

Mais aujourd’hui, l’inflation verbale sévit partout, et l’on baptise star tout individu, mâle ou femelle, ayant montré sa bobine à la télévision, ne serait-ce que dans un de ces talk-shows à la noix, quand ce n’est pas dans une émission de jeux, dont l’étrange lucarne se nourrit – la Star Academy n’étant pas pour rien dans cette banalisation. L’ennui, c’est que les bénéficiaires de cette éphémère auréole possèdent rarement de quoi justifier la promotion en question. J’ai lu quelque part qu’une chroniqueuse spécialisée dans les mœurs de la télévision a recensé, dans une seule journée, soixante fois le mot star prononcé sur les diverses chaînes qu’elle regardait à titre professionnel ! Les bénéficiaires de la starisation ont-ils conscience que, par définition, une star, c’est quelqu’un d’inaccessible ? Jean-Claude Brialy racontait autrefois que, au glorieux temps d’Hollywood triomphant, lorsqu’une star du cinéma descendait de sa loge pour aller sur le plateau où l’on tournait, elle ne s’y rendait pas bêtement à pied : on l’enfermait dans une sorte de panière en osier, que les techniciens portait jusqu’à destination, afin que nul ne puisse voir le visage de la vedette pendant son déplacement ! Bien entendu, à ce prix, le mystère était préservé !

Le revers de la médaille, et pas très inattendu, c’est que, si tout le monde est star aussi aisément, alors, personne ne l’est vraiment.

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