Stéphane Bern à l’Académie
J’ai l’habitude, non seulement de faire des prévisions, mais aussi de les voir se réaliser. Par conséquent, je vous prie de noter la teneur de celle qui suit, et d’en noter la date. Plus tard, vous pourrez dire à vos enfants ou petits-enfants : « J’y étais ! ».
Donc, je prédis qu’un jour, je ne sais quand, Stéphane Bern entrera à l’Académie française. Attention, rien à voir avec du copinage ! J’ai croisé quelquefois Stéphane Bern, et nous avons échangé quelques dizaines de messages électroniques, mais c’est tout, et je ne prétends pas être son ami. Néanmoins, il y a des évidences.
D’abord, Stéphane écrit dans « Le Figaro Madame ». Il y est titulaire d’une rubrique mondaine hebdomadaire sur deux pages en couleurs. Or il est vain d’espérer entrer à l’Académie sans l’appui du « Figaro ». Vous avez déjà vu un académicien français issu du « Canard enchaîné » ou de « Libération » ? Aucun ! Mais du « Figaro », vous en trouverez à la pelle.
Ensuite, Stéphane est cultivé, très cultivé. C’est même l’animateur de télé le plus cultivé, pour ne pas dire le seul. Et il se passionne pour l’Histoire, qu’il connaît très bien, et qui est le dada de la plupart des académiciens. D’ailleurs, la chaîne de télé qui l’emploie, France 2, et sur laquelle il ne présentait chaque année que quatre éditions d’été de Secrets d’histoire, a considérablement augmenté le rythme de passage de cette excellente émission. Il n’en est pas l’auteur, seulement le guide des lieux touristiques, mais l’essentiel est d’être vu, et populaire.
Enfin, last but not least, et je suis désolé de le dire en anglais, Bern ne commet jamais de fautes de français. Là encore, c’est un cas unique. Lorsqu’on sait que tous les académiciens ne s’expriment pas aussi bien que lui (je ris encore à l’idée que, le jour de sa réception sous la Coupole, feue Marguerite Yourcenar commit deux fautes de français dans son discours), il faut convenir que nul n’est mieux placé que lui. Et d’autant plus qu’il a énormément de relations, et, à ma connaissance, aucun ennemi influent. Ce qui ne gâte rien.
Allons, rendez-vous Quai Conti dans quelques années ! J’espère au moins qu’il m’invitera. Ce jour-là, je mettrai le même habit que celui que je revêtirai pour aller chercher à Oslo mon Prix Nobel en décembre prochain. J’espère qu’il m’ira encore.