Sur France 2 : Amélie, reine du Portugal
Jusqu’à mardi soir, le Portugal n’évoquait guère pour moi que Luis Rego, Amalia Rodriguez et une langue musicale qui se parle et surtout se chante au Brésil. Autant dire que je connaissais à peine le nom de la reine Amélie, dont Secrets d’histoire nous faisait le portrait sur France 2. Heureusement Stéphane Bern, dont je me tue à vous prédire qu’il entrera un jour à l’Académie française, s’est occupé d’Amélie, puisqu’il est l’auteur d’une biographie de cette reine. Il était parfait, ce soir-là, et n’a commis qu’une bourde, en ne vérifiant pas dans son texte que la lunette astronomique vue au cours de la visite d’un des palais de la reine n’était PAS un télescope (ces deux objets diffèrent beaucoup, savez-vous ?).
La reine Amélie était française, quoique née en Angleterre, elle était même princesse de France, de la famille d’Orléans. En 1886, donc à vingt-et-un ans, elle se marie avec le prince héritier du Portugal, dom Carlos, qui devient roi trois ans plus tard. Mais, alors que le roi est surtout le roi des cavaleurs et la trompe abominablement, elle, reste fidèle, ferme les yeux et se préoccupe beaucoup du sort des pauvres de son pays d’adoption. Tout en faisant contruire des palais à tour de bras, il ne faut tout de même pas pousser, surtout si l’on est issue d’une famille richissime. Or le Portugal était déjà pauvre, ce genre de détail mesquin qu’oublient régulièrement de signaler les commentateurs des émissions de télé, qui s’extasient sur la « richesse du patrimoine » des pays qu’on nous fait visiter – par l’image seulement.
Le documentaire de France 2 restait très discret sur ses idées politiques, mentionnant seulement que ce fut Salazar qui mit fin à son exil en Angleterre et en France, en l’invitant au Portugal qu’elle avait dû quitter lorsque la République y fut proclamée, en 1910. On n’a pas mentionné la vibrante admiration qu’elle avait pour Pétain. « Mon cher maréchal, je vous aime : montrez-vous à la foule, que j’aie la joie d’entendre crier “Vive Pétain !” », lui a-t-elle déclaré en mai 1944. C’était un peu tard.