Sympathique, Wikileaks !
Il n’a pas pu vous échapper que le site Wikileaks faisait parler de lui, en ce moment, mais je préfère vous renvoyer à vos moyens d’information habituels. L’objet de cette petite note est différent.
Si vous consultez la page française qui présente ce site d’utilité publique, lequel embête prodigieusement les gouvernements puisqu’on ne peut pas le censurer, vous y constaterez très vite qu’un mot en est absent : américain. À la place, et pour désigner le gouvernement des États-Unis ou ses services de renseignements, les auteurs de la page emploient états-unien – ce que je fais moi-même depuis des années, après avoir pris conscience que, non seulement il est absurde de dire « l’Amérique » pour désigner les États-Unis (puisque c’est prendre la partie pour le tout), mais que c’est également insultant pour la vingtaine de pays qui, outre les États-Unis, font partie de ce continent et se trouvent ainsi effacés en un seul mot.
Certes, chaque fois que j’aborde le sujet (c’est-à-dire jamais, car personne ne semble en être très troublé), je m’attends à l’objection imparable : « Mais, pauvre cloche, on a toujours dit comme ça ! ». Je sais, je sais, comme chantait Jean Gabin. Mais, dans l’Antiquité, on avait toujours pratiqué l’esclavage, et les pères de famille avaient toujours eu droit de vie et de mort sur leurs enfants. Alors, on remet à la mode toutes ces coutumes sympathiques ?
Bref, les habitudes ont la vie dure, et la remise en question des (mauvaises) habitudes n’est pas à l’ordre du jour. Ainsi, samedi soir, étant tombé en zappant sur Télé-Poubelle après visionnage d’un film, j’ai pu voir un extrait d’une émission de variétés mettant en scène un drame qui s’était déroulé aux chutes du Niagara. Et le passeur de plats de la télévision avait cru devoir préciser « les chutes du Niagara, à la frontière entre l’Amérique et le Canada ».
Ce grand intellectuel nous confirmait ainsi que le Canada n’est pas en Amérique. Il fallait que ce soit dit.