Uniformes et petites manœuvres
Entendu à la radio un zozo (qui était peut-être UNE zozoe, et là encore j’hésite sur le féminin) affirmer qu’il serait « réac » d’être partisan de l’uniforme à l’école. Bien entendu, je trouve cette opinion aussi bête que celle qui prétend que les magasins de luxe ne devraient pas être tolérés par la gauche. En ce qui concerne ces derniers, les grand couturiers, les épiceries comme Fauchon ou les créateurs de parfums coûteux – même si ces derniers nous cassent les pieds avec leurs publicités envahissantes et ridicules, voir le Bleu de Chanel –, ne font qu’appliquer la doctrine de feu Georges Marchais : faire payer les riches ! Et si Castro avait été un peu futé, au lieu de fermer les casinos de Cuba, il en aurait ouvert d’autres et les aurait taxés !
Pour en revenir à l’uniforme des écoliers, collégiens et lycéens, l’Angleterre ne les a pas supprimés, or il n’existe pas de pays où l’on soit plus attaché à la liberté individuelle que celui-là ! Voir dans l’obligation de porter un uniforme à l’école un désir sournois d’instaurer le fascisme, y a-t-il plus ridicule ? C’est plutôt le contraire, il s’agit d’empêcher l’étalage des différences de fortune chez des jeunes qui, chez nous, ne savent plus se distinguer que par le port de vêtements de marque, chaussures comprises, au détriment de leurs parents qui se laissent sottement tarabuster par des gamins capricieux. Mettez un uniforme à tous les élèves, cela leur rabaissera le caquet, et le fossé qui sépare les classes sociales se verra un peu moins.
C’est si vrai qu’en Afrique noire, l’uniforme est obligatoire partout. Et je connais très bien un homme qui enseignait les mathématiques dans le plus grand lycée de Côte d’Ivoire (quatre mille élèves, cent cinquante professeurs), où tous les garçons devaient porter un pantalon et une chemisette kaki en semaine, un pantalon bleu marine et une chemise blanche le samedi, ces deux couleurs étant aussi celles affectées aux filles tous les jours. Or, la dernière année de son séjour dans le pays, ce professeur avait dans une de ses classes deux garçons, deux frères, l’un âgé de treize ans, l’autre de quinze, et qui ne se distinguaient en rien de leurs camarades. Et ce n’est qu’après avoir quitté le pays que cet homme, lisant un livre où leur nom de famille était cité, apprit que ses deux anciens élèves étaient des fils de roi ! Il ne s’en était jamais douté.
Et maintenant, essayez de transposer l’anecdote en France ou dans un pays européen qui n’a pas imposé l’uniforme…