Violer la Constitution, en attendant mieux ?
Dans son cycle d’anticipation La Compagnie des glaces, qui comptait la bagatelle de soixante-deux volumes, le romancier Georges-Jean Arnaud avait inventé un personnage qui était surnommé le Gnome, en raison de sa petite taille. C’était un personnage très intelligent, qui était parvenu à se tailler un empire ferroviaire sur une Terre frappée de glaciation, où les compagnies de chemins de fer, seuls moyens de transport désormais possibles, avaient remplacé les nations.
En France, nous avons nous aussi un Gnome, mais beaucoup moins intelligent, puisqu’il croit obtenir sa réélection en 2012 en pratiquant le lepénisme sans Le Pen, histoire de rééditer pour les électeurs le dilemme de 2002, qui nous avait valu un second mandat de Jacques Chirac. En foi de quoi, et profitant de faits-divers fâcheux, il propose de faire voter deux lois : l’une consisterait à priver de la nationalité française les délinquants d’origine étrangère, l’autre, à punir pénalement les parents dont les enfants auraient commis des fautes graves.
Il se trouve que ces deux lois, si elles étaient votées, seraient automatiquement cassées par le Conseil Constitutionnel, puisqu’elles contredisent la Constitution ! Cela, personne n’en doute, sauf peut-être notre Gnome, qui est sans doute avocat, mais un avocat d’affaires, ce qui explique bien des choses.
Alors, changer la Constitution, comme il l’a déjà fait ? La ficelle serait un peu trop grosse, et on voit mal quelle majorité des deux-tiers, au Parlement, voterait en faveur de la modification. Quant à faire adopter ces vues par le peuple français via un référendum, il vaudrait mieux ne pas y songer : impopulaire comme est actuellement le malade mental de l’Élysée, les Français se feraient un plaisir de lui faire cadeau d’un « Non ! » que De Gaulle aurait qualifié de « franc et massif », lui qui eut à en essuyer un au point de démissionner quatre heures après la constatation du désaveu.
Mais quand on est aux abois...