Christopher Lee, acteur
Nous avons appris hier, avec quatre jours de retard, que Christopher Lee était mort, et cette nouvelle me rend plus triste que si on m’avait appris le décès de Manuel Valls. Pour en savoir davantage (sur Christopher Lee, car je me doute bien que n’avez pas envie d’en savoir davantage sur le Premier ministre que la fatalité nous a donné), lisez donc cet article, je ne vais pas réinventer la roue en le recopiant à la manière des philosophes de radio-télés, qui publient leur prose dans trente-six journaux différents – mais oui ! –, en changeant un mot par ci par là.
L’article sus-visé prétend qu’il avait tourné deux cents films. C’est le sous-estimer : il en avait 278 à son actif, si l’on compte les voix qu’il a faites dans diverses productions (dont celle du mystérieux U. N. Owen dans Dix petits Indiens, adaptation très cosmopolite de Dix petits nègres, d’après Agatha Christie), ainsi que les séries télévisées. Car cet acteur de grand talent était très demandé, et pas seulement dans les rôles de Dracula auquel on l’a bêtement assimilé. Je n’aurai pas le manque de tact d’écrire que cela tombe bien, mais j’ai revu l’un de ses films la semaine dernière, 1941, tourné en 1979 par Steven Spielberg, où il jouait un nazi, le capitaine Wolfgang von Kleinschmidter, à bord d’un sous-marin japonais commandé par Toshiro Mifune, autre grand acteur. L’un et l’autre avaient un petit rôle, dans une comédie délirante qui n’a hélas pas eu le moindre succès, car elle était trop longue, bourrée de gags de très mauvais goût, et ridiculisait la population californienne, qui avait réellement cru que ledit sous-marin, après Pearl Harbor, était là pour bombarder... Hollywood ! Je signale au passage que le véritable sous-marin s’est pointé au large de Los Angeles, mais en 1942, pas en 1941...
Des films joués par Lee, j’ai vu successivement Le corsaire rouge, qui date de 1952 et qui est très divertissant, avec Burt Lancaster en vedette bondissante ; Les quatre plumes blanches, chef d’œuvre méconnu de 1955 ; Alexandre le Grand, tourné l’année suivante, avec cette curiosité, Danielle Darrieux jouant la mère de Richard Burton ; La bataille du Rio de la Plata, la même année, passionnant film historique ; Amère victoire, en 1957, d’après un roman français dont l’auteur, René Hardy, avait été accusé d’avoir dénoncé Jean Moulin à Klaus Barbie ; Le chien des Baskerville en 1957, où il jouait aux côtés de Peter Cushing, autre acteur spécialisé dans les films d’horreur ; La vie privée de Sherlock Holmes, chef-d’œuvre de Billy Wilder sorti en 1970 ; et dans un James Bond de Guy Hamilton, L’homme au pistolet d’or, la même année.
Vous me voyez mort de honte de ne l’avoir jamais vu dans le rôle de Dracula, ce qui dénonce mon incompétence, mais je confesse l’avoir aperçu dans les épisodes 2 et 3 de Star Wars, ce que j’ose à peine vous avouer, et lui-même aussi sans doute ! Mais dans Charlie et la chocolaterie, en 2005, il était le docteur Wonka, le fabricant de chocolat, ce qui compense. Et puis, car il faut bien vivre, dans Hugo, le navet de Scorsese, et dans Dark shadows, autre navet, mais de Tim Burton.
Néanmoins, je lui pardonne bien volontiers ces petits écarts. Et je vais me hâter de dénicher un de ses films où il était Dracula ; sans cela, on va me jeter des pierres, et vous boycotterez mes petits écrits.