Deuil au trône de fer
Depuis deux jours, les passionnés du feuilleton Game of thrones sont au désespoir, et je crains une vague de suicides. En effet, la dernière scène du dernier épisode de la saison 5 s’achève sur un cliffhanger de taille : Jon Snow se fait poignarder par un compagnon de la Garde, et meurt. Ça devient une habitude, dans cette production, de faire mourir les personnages principaux : vous vous souvenez de ce tyran, Tywinn Lannister, joué par le très honorable Charles Dance (l’un de mes comédiens anglais préférés) ? Il se faisait assassiner par son propre fils Tyrion, celui qu’il méprisait parce que c’était un nain, au demeurant très intelligent. Et il mourait, assis sur... le siège des toilettes. Comme Elvis !
Jon Snow, lui, aura souffert de n’être qu’un enfant illégitime (non, vous ne me ferez pas écrire « bâtard », j’ai toujours détesté ce mot, qui semble avoir été créé à l’usage des rappeurs), le fils de Ned Stark, qui était le Premier ministre du roi dans la saison 1, et qui se faisait injustement décapiter sur l’ordre de ce sale petit tyran de quinze ou seize ans, Joffrey Baratheon, lequel ne devait pas l’emporter au paradis, puisqu’il est mort empoisonné dans l’une des saisons suivantes.
Pour en revenir à ces téléspectateurs que la mort de Jon Snow a ravagés, je leur dirai ceci : bande de nazes, vous n’auriez pas été surpris si vous aviez su lire ! Car sa mort est décrite en toutes lettres dans le quinzième volume paru (deux autres sont à paraître) de la saga écrite par George Raymond Richard Martin. Je cite intégralement le passage, peu avant la fin du livre :
Des hommes criaient, Jon tendit la main vers Grand-Griffe, mais ses doigts étaient devenus raides et gourds. Il ne savait pourquoi, il semblait incapable de libérer l’épée de son fourreau. Puis Bowen Marsh se tint devant lui, des larmes lui coulant sur les joues. « Pour la Garde ». Il porta à Jon un coup au ventre. Lorsqu’il retira la main, le poignard resta fiché à l’endroit où il l’avait planté. Jon tomba à genoux. Il trouva la garde du poignard et l’arracha. Dans l’air froid de la nuit, la blessure fumait. « Fantôme », chuchota-t-il. La douleur l’engloutit. Frappe-les avec le bout pointu. Quand le troisième poignard le perça entre les omoplates, il poussa un grognement et tomba la tête la première dans la neige. Il ne sentit jamais le quatrième poignard. Rien que le froid...
Avis : Shakespeare, c’est très bien aussi, et parfois encore plus sanglant. Hamlet, c’est déjà gratiné, mais je vous conseille Titus Andronicus, vous allez adorer.
(Petit détail pittoresque : Martin, l’auteur des livres, est né à... Bayonne ! Pas le Bayonne du Pays Basque, mais celui du New Jersey. Je vous en avais parlé, en démontrant que la statue de la Liberté ne se trouvait pas à New York, mais bel et bien à Bayonne)