Réformons la Constitution !

Publié le par Yves-André Samère

Mes chers compatriotes,

À la suite du scandale médiatique provoqué par mon Premier ministre, qui s’est permis, en plein congrès du parti auquel il appartient, d’utiliser un avion aux frais de la République, simplement pour aller voir un match de football à Berlin, et qui s’est péniblement justifié sous des prétextes ridicules (ou s’est fait justifier par des complaisants sous d’autres prétextes encore plus ridicules), je vois qu’à vos yeux la coupe est pleine.

En effet, récemment, nos compatriotes ont eu à supporter financièrement les frasques exagérément coûteuses de divers responsables, ou plutôt irresponsables, qui se sont servis sans vergogne de l’argent public, comme si occuper des postes de responsabilité vous autorisait à puiser sans limites dans les caisses de l’État pour votre confort personnel et votre vanité. Je ne nomme personne, c’est inutile, ces dérapages sont connus de tous et se multiplient parce qu’ils ne sont jamais sanctionnés : au contraire, toute infraction est récompensée par une promotion, permettant de déplacer le fautif pour le rendre moins voyant, selon la méthode bien connue des célibataires cachant sous le tapis la poussière de leur salon. Or vous, citoyens et contribuables, avez raison d’estimer intolérable que des personnes qui prétendent servir le pays songent avant tout à se servir, à vos frais, sans vous demander votre avis. Tout cela n’a rien de républicain, sauf peut-être aux yeux des dirigeants d’un parti d’opposition que je n’ai pas besoin de désigner plus clairement.

Afin d’éviter une récidive de la dernière affaire, celle du voyage footballistique, j’ai pris une décision, outre le renvoi du Premier ministre : réformer la Constitution. Je compte donc réunir le Congrès afin de faire ajouter à ce texte sacré un article qui précisera que, désormais, les postes importants de la République, tant au gouvernement que dans la haute administration, seront interdits à toute personne étalant ostensiblement et avec démagogie un goût exagéré du football, du tennis ou de tout sport en vue. Si cette réforme est adoptée, vous ne verrez plus ministres ou députés délaissant leur travail pour aller assister à un match. La passion du sport doit rester privée. Cessons enfin de nous ridiculiser aux yeux de nos voisins européens : en Belgique, en Allemagne, en Scandinavie, un tel comportement entraîne le renvoi du fautif, et dans la journée. Si nous continuons à tolérer que la loi protège les privilèges des puissants, nous aurons, soit le peuple dans la rue, soit le Front National parvenant à la tête de l’État.

Naturellement, j’appliquerai à moi-même la mesure dont je viens de vous entretenir. Et par exemple, au cas improbable où les Jeux Olympiques auraient lieu en France, vous n’assisterez plus à ce spectacle ridicule et indécent d’un président de la République déclarant solennellement « ouvert » ce type de distraction. Après tout, jamais un chef d’État français n’a fait de même pour lancer le Tour de France !

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Ce sont des fonctionnaires, même haut placés. Ils sont soumis à l'approbation des services administratifs lors de leurs dépenses. Si les comptables des ministères et de la présidence faisaient leur boulot, il n'y aurait pas ces dépenses ridicules. On peut toujours refuser une note de frais et demander au titulaire de ladite note de rembourser les dépenses incongrues. Ou les comptabiliser dans la feuille de paye, en les signalant comme "avantage en nature" soumis à cotisations et à l'impôt. Généralement, ça calme.<br /> On peut attribuer aussi un budget mensuel, ou les obliger de passer par l'approbation du service pour des dépenses hors budget. Il y a mille solutions pour éviter ces dérives.<br /> Le laisser-aller vient aussi de la base. Ceci n'est pas une excuse pour autant, bien sûr.
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Y
Il n’y a pas de « budget divertissement du Premier ministre » à l’Hôtel Matignon.
V
Ces gens (quel que soit leur "bord" prétendu) profitent de notre fainéantise et de notre complaisance.<br /> On les laisse avec la procuration sur le compte en banque de la nation, et on leur demande de se surveiller eux-mêmes. On ne peut pas s'étonner qu'il ne le fasse pas. Enfin on ne devrait pas s'étonner.<br /> <br /> D'ailleurs il n'y a plus grand monde pour s'indigner. <br /> <br /> On ne doit pas donner le pouvoir à ce qui le veulent le plus. C'est une simple évidence. <br /> Et quand quelqu'un a du pouvoir, il doit rendre des comptes à des autorités indépendantes qui peuvent le sanctionner (pénalement et pécuniairement) et lui interdire pour toujours d'exercer à nouveau. Autre évidence.<br /> Il y a des choses simples à mettre en place et qui dépassent tout les clivages idéologiques (pas besoin d'être bolcheviques ou libertariens pour changer en profondeur le fonctionnement de notre Etat).<br /> <br /> Interdiction absolue du cumul de tout mandat.<br /> Tout les mandats doivent être non renouvelables (et tout élu ou candidat doit avoir interdiction de se présenter à une nouvelle élection pendant 5 ans)<br /> Age limite d'exercice de fonction (si on ne peut voter avant 18 ans, on ne devrait plus décider après 80).<br /> Publicité de toutes les déclarations d'impôts et de patrimoine (citoyens, élus)<br /> Mandat obligatoire (partiellement ou totalement).<br /> Seuil d'abstention annulant l'élection (en dessous de X % de votants inscrits l'élection doit être refaite avec interdiction aux candidats du premier scrutin de se représenter).<br /> Obligation de référendum pour tout engagement des forces armées (hors des défense des frontières du territoire national évidemment)<br /> Commission (non-élue et hors ministère) de contrôle des dépenses publiques, avec pouvoir de sanction pénale.<br /> Session parlementaire de 3 mois par an.<br /> Remplacement de la (prétendue) Cour de justice de la république par un jury d'assises. <br /> <br /> Et tant d'autres qui ne relèvent pas de la science fiction, mais ne comptez pas sur des "élus" pour le mettre en place. Personne ne se mettrait autant de bâtons dans les roues.
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