La beauté du legs
C’est toujours assez farce de prendre en flagrant délit des individus censés spécialistes de telle ou telle discipline, et qui déraillent publiquement.
En ce moment, et plusieurs fois par jour, France Inter nous régale de publicités nous incitant à léguer tout ou partie de notre fortune à je ne sais quelle organisation charitable – pardon : caritative (je risque une amende si je n’utilise pas les mots officialisés par les médias). Or le comédien chargé de lire le laïus n’est rien moins qu’Érik Orsenna, qui fait académicien sous la coupole du Quai Conti. Et qui, chargé, comme ses collègues, de la rédaction du Dictionnaire de l’Académie, est censé connaître quelques bribes de la langue dans laquelle il écrit.
Or, systématiquement, et trois fois ce matin dans la même annonce, il a parlé de legs, en prononçant « lègue ». Autrement dit, cet Académicien français ne connaît pas le français !
Rappelons à ceux qui n’étaient pas là (j’affectionne cette expression) que le nom legs se prononce exactement comme l’adjectif laid. Gainsbourg aurait pu chanter que « La beauté du legs, du legs / Se voit sans délai, délai ».