Pour l’uniforme !
Au risque d’agacer deux ou trois personnes qui me lisent, je suis tout à fait partisan du port de l’uniforme à l’école – et je ne dis pas « dans la vie courante » !
Expliquons.
Je connais assez bien les mœurs africaines, et l’une des rares situations que j’apprécie sur ce continent, que globalement je n’aime pas beaucoup, c’est qu’en Afrique noire – pas en Afrique du Nord –, tous les écoliers, tous les collégiens, tous les lycéens portent l’uniforme. N’allez pas imaginer un costume militaire, avec képi, ceinturon, épaulettes, fourragère, guêtres et bottes. Pas du tout. Le climat forçant à la modération, et la raison aussi, l’uniforme est composé d’une simple chemisette et d’un pantalon de toile de couleur marron clair pour les garçons, d’une chemisette blanche et une jupe bleue marine pour les filles. Les chaussures, ad libitum. Rien de très militaire par conséquent. Cette obligation est tout à fait fondée, socialement : elle tend à gommer les différences de fortune des familles, et rien ne permet de distinguer un écolier riche d’un écolier pauvre, là-bas.
C’est si vrai que j’ai connu un professeur qui exerçait dans un pays tropical, et qui, une année, avait dans sa classe deux fils de roi. Eh bien, toute l’année s’est écoulée sans qu’il apprenne ce détail, qu’il avait tous les jours sous ses yeux deux futurs candidats au trône de leur père ! Il ne l’a su qu’une fois l’année terminée, en découvrant dans un livre le nom de leur famille. Ces deux garçons, âgés de treize et quinze ans, n’en avaient jamais parlé non plus, et pas davantage leurs camarades, qui devaient bien connaître la vérité.
Allez donc faire un tour, à Paris, du côté du Lycée Louis-le-Grand, en face de la Sorbonne, ou du Lycée Carnot, et vous m’en direz des nouvelles...