Naissance de la traite des Noirs
Pour une fois, je transcris ici le texte de quelqu’un d’autre. Mais comme je joue cartes sur table, il ne s’agit pas d’un plagiat ; je publie simplement un document. Il s’agit d’un extrait d’un roman de Jules Verne, Un capitaine de quinze ans, un livre assez extravagant d’ailleurs, et que je vous engage à lire si vous ne le connaissiez pas. Verne y raconte, dans un style parfait, comment la traite des Noirs est née en Europe. Voici :
C’est au XVe siècle seulement que l’on voit s’exercer, pour la première fois, la traite des noirs, et voici dans quelles circonstances elle fut établie : les Musulmans, après avoir été chassés d’Espagne, s’étaient réfugiés au-delà du détroit sur la côte d’Afrique. Les Portugais, qui occupaient alors cette partie du littoral, les poursuivirent avec acharnement. Un certain nombre de ces fugitifs furent faits prisonniers et ramenés en Portugal. Réduits en esclavage, ils constituèrent le premier noyau d’esclaves africains qui ait été formé dans l’Europe occidentale depuis l’ère chrétienne. Mais ces Musulmans appartenaient pour la plupart à de riches familles, qui voulurent les racheter à prix d’or. Refus des Portugais d’accepter une rançon, quelque importante qu’elle fût. Ils n’avaient que faire de l’or étranger. Ce qui leur manquait, c’étaient les bras indispensables au travail des colonies naissantes, et, pour tout dire, les bras de l’esclave. Les familles musulmanes, ne pouvant racheter leurs parents captifs, offrirent alors de les échanger contre un plus grand nombre de noirs africains, dont il n’était que trop facile de s’emparer. L’offre fut acceptée par les Portugais, qui trouvaient leur avantage à cet échange, et c’est ainsi que la traite se fonda en Europe.
Soit dit en passant, ces honnêtes familles musulmanes ont une large part dans la naissance de ce trafic, puisqu’elles ont préféré fournir aux Portugais des anonymes en échange de leurs parents. Tout ça est très moral.