« On est chez nous ! »
Ce que j’apprécie le plus au monde et qui me fournit une bonne part d’inspiration, finalement, c’est la bêtise. Celle des autres, évidemment ; pas la mienne, qui est hors concours. Par exemple, j’admire vivement ce type qui, hier matin, m’a par deux fois qualifié de « connard », parce que je voulais quitter un endroit où j’avais cessé de me trouver bien.
Donc, ce soir, j’ai entendu à la radio le compte-rendu d’une manifestation d’adversaires des migrants, au cours de laquelle ces braves gens se sont répandus à Bruxelles en braillant « On est chez nous ! ».
Certes, certes, chers xénophobes, vous êtes chez vous. Mais enfin, qu’avez-vous fait pour vous estimer chez vous ? Je crois comprendre que vous vous êtes contentés de naître, issus de parents qui vivaient sur place avant votre naissance, non ? Alors que les étrangers que vous jugez indésirables, eux, au moins, ont fait l’effort de venir là d’où vous désirez les chasser – et pas sans mal, parfois, me souffle-t-on dans mon oreillette.
Pour ma part, chez moi, c’est là où j’habite, mais je ne prétends pas que mon quartier, ma ville, mon pays m’appartiennent. Ce qui m’appartient, c’est uniquement ce que j’ai acheté avec l’argent que je gagne (ou que me donne ma tante Liliane), et rien de plus. Et je désire encore moins en expulser les étrangers qui y viennent, pour toujours ou pour un petit moment. Tu parles, les Halles de Paris, un endroit que Le Pen qualifierait probablement de « cosmopolite » ! Il y aurait du boulot...
Par conséquent, tout le monde est chez soi : il suffit de s’y trouver, quel que soit le moyen par lequel on y est arrivé.