La mort de Michèle Morgan
Ce soir, on annonce la mort de Michèle Morgan, dont j’avais parlé dans une autre notule. Bien entendu, on lui rend hommage un peu partout, donc je vais m’abstenir pour ne pas faire déborder le réservoir à larmes.
Mais je remarque que, chaque fois, de ses innombrables films, on cite avant tout Le quai des brumes et La symphonie pastorale. Or le premier est seulement acceptable, construit sur un scénario peu intéressant, et le second, qui revient sans cesse dans la description de sa carrière, est un pur navet, signé Jean Delannoy, l’un des pires cinéastes français, qui, à mon avis, n’a guère réussi qu’une comédie, Le majordome, où la vedette Paul Meurisse surjouait comme on le fait rarement. On disait de Delannoy qu’il ne fabriquait que des films surgelés, et cela tombe bien, puisque la neige tenait le premier rôle de cette « symphonie » pastorale, qui n’était guère qu’une bluette en forme de mélo, dans laquelle la belle Michèle jouait le rôle d’une aveugle, fermement pilotée par un pasteur grandiloquant, interprété par un Pierre Blanchar qui n’a jamais pris de leçons de sobriété : en comparaison, Michel Simon faisait figure de sourd-muet.
Bref, Michèle Morgan n’a jamais joué dans un chef-d’œuvre, et on ne retiendra que la couleur de ses yeux. Pas de chance, Line Renaud a la même. Passons, et de profundis.