Éloge (très retenu) de Sodexo

Publié le par Yves-André Samère

Voilà un an que je suis sorti de l’hôpital, après une opération du cancer du foie. Quelques jours après, je m’étais fait admettre dans une maison de convalescence, dont je garde un souvenir mitigé : agréable pour le personnel jeune, infirmières et moniteurs de rééducation, gentils, capables et dévoués ; exécrable pour l’infirmière-chef, quinquagénaire autoritaire et qui ne savait même pas faire les piqûres sous-cutanées, et pour le médecin qui m’a traité deux fois de « connard » parce qu’au bout de vingt-cinq jours, je suis parti sans lui demander son autorisation ; aussi mauvais pour l’impossibilité de dormir la nuit sans être perturbé par les bips saugrenus déclenchés dans les couloirs par les appels des patients ; et dégoûté à cause de la nourriture.

Ces repas sans goût et mal présentés étaient préparés, livrés et servis par la firme Sodexo, qui avait évincé les cuisiniers authentiques auquels ce service était confié auparavant. Or je me suis un peu renseigné, et voici ce que je sais de Sodexo. Je précise que je n’ai pas jeté même un coup d’œil sur Wikipédia, car je sors sans ma nourrice.

Cette firme était à l’origine une Petite et Moyenne Entreprise, installée à Marseille, et fondée par un certain Pierre Bellon, auquel a succédé sa fille Sophie, âgée de 55 ans et diplômée de l’EDHEC (École Des Hautes Études Commerciales car, dans ce milieu, on ne fait que de « hautes études »), établissement basé à Lille, mais qui a des antennes à Nice, Paris, Londres et Singapour. Sophie a rejoint la boîte de son paternel en 1994, et elle a été la première femme à diriger une entreprise du CAC 40 – indice boursier qui existe depuis 1987.

Sodexo, qui a plus de 425 000 salariés, est le dix-huitième employeur au monde, et le premier employeur privé français à l’étranger. Il a une capitalisation boursière de 15,5 milliards d’euros, et on prévoit que son chiffres d’affaires, en 2017, sera de 21,4 milliards d’euros, en progrès de 4,1 %, ainsi réparti : 43 % en Amérique du Nord – l’endroit au monde où l’on apprécie le plus la gastronomie –, 30 % en Europe, 11 % au Royaume-Uni et en Irlande, et 16 % dans le reste du monde. Il vend 30,5 % de sa camelote aux entreprises et administrations ; 21,7 % dans l’Éducation (cantines des écoles, lycées, collèges, universités) ; 19,2 % aux établissements de santé (dont celui où j’ai séjourné) ; 7,4 % au secteur « Bases de vie » (je ne sais pas ce que c’est) ; 5,8 % aux maisons de retraite ; 4,5 % aux activités de loisir et aux établissements de sport (n’en concluez pas que vos chers footballeurs se nourrissent de cette tambouille ignoble) ; 4 % au secteur « Avantages et récompenses » (je ne connais pas, on ne me récompense jamais) ; 3,6 % à l’armée ; et 3,3 % à la Justice.

Voilà, bon appétit si vous êtes à table, comme on dit à la radio. Autrefois, on flanquait en taule ou en décapitait les empoisonneurs, aujourd’hui, la marquise de Brinvilliers serait PDG de Sodexo et cotée en Bourse.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

J
J'oublais !! Dans "base de vie", il y a aussi la location "seule" de containers, algecos... <br /> Et oui, ce site est pilote, l'un des 2 seuls à ce jour en France.
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Y
Ça tombe bien, j’ai absolument d’un container, en ce moment. Rien trouvé pendant les soldes.
J
"Bases de vie": cela concerne des espaces de restauration et de service sur des chantiers particuliers, de type plateforme pétrolière en mer, mines, etc. <br /> Concernant la qualité délivrée, encore une fois, c'est une question de coût. Je travaille dans un établissement qui a engagé Sodexo comme prestataire de service, et notamment restauration. De ce que je sais, ce site est l'un des deux où Sodexo applique le service "365". Quasiment que des produits frais préparés (purée maison, soupe maison...), quantités très surveillées pour éviter le gaspillage.
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Y
Merci pour le renseignement sur les bases de vie. Mais que tu sois tombé sur un service de Sodexo fournissant des « produits frais préparés » relève du coup de chance. Moi, je n’ai vu que de la nourriture industrielle, sans aucune variété, comme le même rectangle d’emmenthal sous plastique à la fin de TOUS les repas (je doute que ce produit-là ait été préparé ou enveloppé dans une cuisine). Également, l’omelette faite à partir d’œufs en poudre, mise dans la même assiette que les épinards. La plupart du temps, mes voisins et moi ne finissions pas ce qu’on nous servait. Plusieurs fois, je suis sorti acheter de quoi manger au supermarché du quartier.
D
Heureusement, quelques établissements ont retrouvé le chemin de la cuisine maison. Testé cet hiver dans une clinique, les plats équilibrés et honnêtement préparés. Autrement dit, on reconnaissait le goût de ce que l'on mangeait, les légumes étaient excellents et frais. Même les sauces, s'il y en avait, n'étaient pas un cache-misère. Bon, pas Lucullus, faut pas rêver, mais très correct.<br /> Par contre c'est honteux que dans un établissement de convalescence on vous serve de la bouillie Sodexo. Pas l'idéal pour se remettre en forme ! A la Timone, le service spécialisé dans le traitement du Sida exigeait des repas "doubles" (deux légumes, deux entrées, deux viandes, deux desserts) pour que les patients puissent se requinquer. Là aussi, c'était bien présenté et très correct. C'était il y a au moins 15 ou 20 ans, environ. Maintenant, je ne sais pas.
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Y
J’ai connu un collège où un vrai cuisinier, venu d’un restaurant gastronomique, préparait tous les repas de la cantine. Mais ces sales gosses ne réclamaient que des frites ! Ce cuisinier-là a probablement pris la fuite, depuis. Sodexo a sûrement pris sa place et livre les repas en camionnette.